12 juin 2009

Bonne surprise : l'expo William Blake, au petit Palais de Paris : jusqu'au 28 juin.

Bonne surprise : l'expo William Blake, au petit Palais de Paris : jusqu'au 28 juin.
Mauvaise surprise, d'abord, le prix. 8 $ en tarif plein, 6 $ pour les chomeurs. La pâââtrimoiiine cûûûlturel gratuit, l'accès démocratique aux collections, c'est encore une idée à bosser.

L'expo sur William Blake, "un génie visionnaire du romantisme anglais", est une bien meilleure surprise. Au début du parcours, les textes placardés nous expliquent rapidement son apprentissage et premières commandes. Une fascination pour le religieux qui se manifestait surtout par des dessins et gravures très figées, académiques, pompées sur l'iconographie médiévale.



La suite est bien plus étonnante. Ses visions prennent ensuite des formes plus libres, à mesure que son art s'affine (comme ma rate). Le trait devient plus audacieux et expressif notamment pour illustrer l'Enfer de Dante, et dans des thèmes bibliques qu'il traite avec passion.


Après, c'est étourdissant. Ceux qui pensaient aux pionniers d'une forme expressionniste tels que Daumier ou Kupka, ceux qui pensaient à des défricheurs symbolistes tels que Moreau ou Redon, doivent remonter dorénavant un siècle plus tôt pour comprendre d'où vient l'Heroic fantasy et des types comme Druillet... : Blake lâche sa dinguerie mystique dans des tableaux aux compositions biscornues et aux figures-caricatures.


Petites eaux-fortes ou lavis témoignent d'un sacré goût pour les petites scènes issues de légendes animistes ou des mythologies anciennes : visages ricanants, petits monstres, horreurs infernales et scènes drôlatiques brugheliennes. William Blake illustra des recueils prophétiques aux thèmes païens, animistes, passionnants, où se mêlent figures légendaires et puissance des éléments. Tout ça en eaux-fortes aux teintes éclatantes, pour "le livre de Thel", "les visions des filles d'Albion", etc.



Ses livres de poèmes tout en enluminures sont hallucinants. Il innove, invente des techniques pour faciliter ses productions, il avance.



Il aborde les thèmes de l'esclavage, un des premiers à en faire des représentations, et en montrant les symptômes marquants de la traite des nègres.


Sinon, Blake galérait toujours dans sa vie, ses expo étaient peu visitées - ingratitude du conformisme élisabéthain, qui sans doute aurait préféré de jolies illustrations plates de mages et de saints.

L'expo présente aussi des aquarelles et tempera de la fin de sa vie. Et franchement, on se réjouit quand même que ce type ait eu quelques mécènes bienveillants pour lui faire produire et exposer.

site :
William Blake au Petit Palais