26 novembre 2010

Pubs Monoprix : le design contre le design.

Depuis quelques semaines s'étalent de nouvelles pubs pour Monoprix. Des affiches tendances, fun et urbaines, qui vantent... le design du packaging, dessiné par l'agence Havas city : coloré, très "pop-art" et un chouilla rétro. Comme on les aime à Paris quand on est en quête de beau et d'authentique.



version A. Warhol
L'ironie vient de l'argument de vente : "NON AU JUNK DESIGN".

Le Junk design, c'est un concept de notre temps, qui signifie le design outrancier, avec l'accent sur les couleurs et les effets et qui multiplie les formats : textes, symboles, quadrichromie, retouches photo, etc.
Monoprix revient à quelque chose de simple et d'autant plus accessible qu'on évite la pollution visuelle. Une campagne bourrée d'humour, en plus : "pourquoi se farcir de banales tomates ?" ; "lait écrémé, le contraire du lait écrémé" ; "on peut avoir le beurre et la beauté du beurre" ; etc. C'est sympa, ça met le client dans la confidence.


version Monoprix
L'ironie c'est quand même qu'on ne vend que du packaging ! juste une nouvelle image de marque... mais toujours en quadrichromie, et donc aussi coûteuse qu'auparavant — même si elle elle est minimaliste. Des couleurs suggestives, étudiées pour générer l'envie des produits. Et une campagne d'affichage large, omniprésente et polluante (matériellement et visuellement).


L'avantage d'attirer le client grâce à l'image de marque, c'est qu'on n'a pas besoin de trouver comment vanter la qualité du produit, sa saveur, son prix, ni son caractère "bio" pourtant très prisé. Pas un seul slogan pour dire : "on fait de meilleures choses, c'est plus pratique à ranger, ou c'est plus écolo..."
Non, ici, on, on espère attirer la clientèle uniquement grâce à des jolies couleurs, comme les néons attirent les mouches.

C'est beau, le lait, la nuit
C'est habile, c'est tendance et, j'en suis sûr, ça va marcher.




Bon, je vous laisse, je dois acheter des emballages alimentaires !

Un livre de notre monde

Pour présenter ce livre, je vais un peu parler de mon activité professionnelle : je suis salarié du Ministère de la culture, je bosse dans un grand musée dans une filière  et y exerce une activité syndicale depuis des années. Un syndicalisme qui consiste à informer, à faire bouger les rapports de force afin que les salariés se saisissent de ce qui les concerne : organisation du travail, défense des personnels, défense du service public de la culture, lutte contre la précarité...
L'organisation la plus honnête, la plus démocratique, la plus lucide et la plus combattive dans laquelle j'ai pu militer a été le syndicat SUD Culture.

Irène Pereira est une collègue, salariée dans un autre grand site culturel, et elle poursuit aussi une analyse du syndicalisme dans ce cadre, en tant que sociologue. Elle vient d'écrire un super petit bouquin, vif et pertinent : "les travailleurs de la culture en lutte".

Ce livre s'adresse "à tous ceux, militants, salariés du secteur de la culture et citoyens curieux, qui souhaitent mieux appréhender les transformations dans le secteur de la culture, les luttes syndicales et les mutations actuelles de l'État et du Capitalisme".

Les travailleurs de la culture en lutte
Le syndicalisme d'action directe face aux transformations du capitalisme et de l'État dans le secteur de la culture

Editions d'ores et déjà, novembre 2010 - 180 p., 8 euros.

À partir d'une étude empirique, basée sur des entretiens avec des militants de SUD Culture Solidaires et des observations participantes au sein de cette organisation syndiale, cet ouvrage propose un panorama des évolutions et des problèmes qui se posent actuellement dans le secteur de la culture en France : éditions, médias d'information, exploitation cinématographique, conservation du patrimoine, spectacle vivant. Il présente des luttes et des actions menées par des syndicalistes en particulier par rapport au problème de la précarité ou contre la Révision générale des politiques publiques (RGPP).

L'ouvrage propose en outre une réflexion sur la place du syndicalisme face au capitalisme et à l'État. Il avance des pistes de réflexion pour comprendre l'État, le capitalisme et leurs relations aujourd'hui.

Présentation de l'auteure:
Iréne Pereira est docteure en sociologie, chercheuse associée au GSPM / EHESS et chargée de cours à l'Université. Par ailleurs salariée au Ministère de la Culture, elle milite au syndicat SUD Culture Solidaires. Elle est en outre co-fondatrice de l'Institut de Recherche, d'Étude et de formation sur le syndicalisme et les Mouvements sociaux (IRESMO) et auteure de plusieurs ouvrages d'études politiques dont: Anarchistes (La Ville Brûle, 2009), Peut-on être radical et pragmatique ? (Textuel, 2010), Les grammaires de la contestation(La découverte, 2010).