8 mars 2011

une vaste et forte action culturelle.

On s'en rend compte depuis des semaines, quand on entre dans le hall de l'administration du Ministère de la culture : l'ampleur de la campagne pour la TNT. C'est l'action culturelle du moment, celle qui occupe le travail des chargés de missions, qui occupe même tout l'espace du hall.
Dans le hall, y a une installation avec un salon digne d'un appartement-témoin, avec des fauteuils vides tournés vers un petit écran. Et un peu épars, des panneaux avec les 2 personnages télé bleue et télé rouge, et les injonctions "tous au numérique !"


Car c'est le mot d'ordre : que toutes les télés passent au numérique pour assurer la continuité de la réception des programmes, partout, pour tous. On ne se rend pas compte à quel point c'est important.
Eh ! Imaginez que quelques uns, toujours sans TNT, soient obligés de ne plus regarder la télé, et de s'occuper ; imaginez que les jeunes soient poussés à regarder des films téléchargés illégalement au lieu de subir les programmes proposés ; imaginez que les vieux couples se mettent à lire, ou pire, à se parler ; imaginez que les vieux, soudain inoccupés, réclament la présence de leurs enfants. Imaginez que l'on ne puisse plus profiter du JT de Pujadas, de "Plus belle la vie", du magazine de Valérie Damidot, de Téléfoot, des talk-shows de Ruquier, des messages à caractère informatif pour la santé ou pour sauver la planète !
Imaginez que l'on doive, pour comprendre le monde, écouter la radio ou discuter avec nos voisins ; imaginez l'on doive de nouveau imaginer...

Pour éviter cette catastrophe, Frédéric Mitterrand s'est fait le missionnaire de l'installation de la TNT pour tous. L'accès à la télé étant pour lui "un droit légitime", il la défend comme un outil de cohésion sociale. Ouais. Passer 3h par jour en moyenne devant son écran, absorber ce qui passe, c'est s'ouvrir au monde. Notre ministre y croit, ou tente de le faire croire : "Dans une société où l'insertion sociale est complexe, où les solidarités se distendent, la télévision, en fournissant de l'information, en brisant l'isolement, joue un rôle social considérable."

Mais, Monsieur Mitterrand, il serait bien venu, pour jouer un rôle social, de renforcer le financement des centres culturels, de l'éducation populaire et du spectacle vivant, de donner les moyens d'exister aux projets novateurs et à la culture de proximité... Pour commencer, Monsieur le ministre, enterrez le rapport Pfister-Lacloche sur "la culture pour chacun", pondu en septembre dernier par vos ouailles et qui sonne le glas de la démocratisation culturelle. Oui, commencez par ça, tiens.