12 décembre 2010

Kronenbourg, la bière des nazis


regard d'acier
carne à scier
visage distancié
du parfait justicier

Il aurait été moins efficace d'afficher un brasseur rougeaud, massif, hirsute. La bière Kronenbourg rend sobre. C'est un produit contrôlé, sécurisé. Elle est n'est pas synonyme de copains et de fête, mais d'engagement et de qualité. Et de confiance... "parole de brasseur".

10 décembre 2010

Acadomia contre les jeunes.

Petit retour sur ces pubs, déjà anciennes, pour Acadomia, ce service de cours à domicile pour enfants de familles aisées. J'avais été frappé par le message distillé dans ces pubs qui surfent sur la peur de l'échec.

"N'attendez pas que votre 1ère année de fac devienne un problème" ; certes, il est acquis que, sans bosser, on se laisse facilement dépasser, et que les études peuvent devenir un problème. Mais l'image dit autre chose : le problème qui devient trop encombrant et ingérable, c'est le Jeune. Petit studio, étudiant oisif et un peu débraillé, en chaussettes, devoirs pas faits étalés par terre : c'est la honte, l'échec, le déshonneur ! non, non, on veut éviter ce problème !

Il y a quelque chose qui fout la trouille à la plupart des parents, c'est que leur progéniture ne se conforme à ce qu'ils attendaient pour eux. Qu'il se marie à un nègre, qu'il soit pédé, qu'il devienne artiste et pauvre, qu'il se convertisse à une religion, qu'il soit un mécréant. Qu'il soit sale, oisif et qu'il donne des signes avant-coureur de "rater sa vie".
Rien n'est pire, pour les parents, que la honte de leur famille : rien n'est plus effrayant que le môme qui revient chez eux en exhibant une toute autre vie que celle qu'on attendait de lui - comme s'il venait chier sur leur beau tapis - et qui fait dire aux parents : "on l'a raté ! on a investi, toutes ces années, dans un ratage !".

Heureusement, Acadomia est là.

Comment les Juifs repèrent les Juifs grâce à leurs noms de famille.

A plusieurs reprises j'ai reçu les courriers d'association humanitaires juives qui appellent à faire des dons, aux Juifs et/ou aux Israéliens nécessiteux, et j'ai beau répondre que je ne souhaite pas recevoir ces courriers, j'en trouve encore dans ma boîte aux lettres.
Ma boîte est marquée d'un nom qui révèle mes origines juives, mais si je fais un don, ce n'est certainement pas à une communauté religieuse

Très récemment, j'ai reçu le même jour les courriers de deux organisations, Ohr Hanna et Ezrat Mena'hem. L'association Ohr Hanna m'appelle à donner aux Juifs de France ; la fondation Ezrat Mena'hem, liée à Ohr Hanna, sollicite une aide financière pour les Juifs d'Israël. Leur slogan : "aidons-les à sauvegarder leur identité juive". Comme s'il y avait pire que de perdre ses revenus, son logement et sa dignité : perdre son identité juive.
(Je tiens à préciser que dans le milieu juif humanitaire je connais des esprits éclairés, des gens extrêmement ouverts et qui défendent la justice sociale, y compris au sein d'asso religieuses).
Ohr Hanna, pour la communauté juive de France

Ezrat Mena'hem, pour les Juifs d'Israël













Donc, j'ai appelé ces deux structures, curieux de savoir pourquoi je recevais leurs courriers, sans être, à ma connaissance, sur des listes de "partenaires". Je suis un candide.

Appel téléphonique à Ezrat Mena'hem :

"- Ezrat Mena'hem, bonjour."
"- Bonjour Madame. Je viens de recevoir un courrier pour les appels aux dons et je suis un peu étonné, car je ne suis pas lié à votre association, d'ailleurs je n'avais pas l'intention de faire un don. Comment ça se fait que j'ai reçu ce courrier ?"
"- Eh bien, nous sommes nous sommes une association israélite, vous savez."
"- Oui, mais pourquoi je reçois vos courriers ?"
"- Ah, en fait... euh... mais, quel est votre nom Monsieur ?"
Je donne mon nom - juif - et je demande à nouveau comment il se fait que je reçoive leurs courriers.
Elle répète mon nom. "Ah, très bien. Vous savez, nous avons des bénévoles qui font des recherches sur internet, pour trouver les distinataires... voilà."
"- Je comprends, mais selon quels critères ?"
"- Eh bien nous sommes une organisation israélite, Monsieur... C'est Ezrat Mena'hem."
"- Mmmoui. Mais ça n'explique pas comment vous faites pour savoir à qui envoyer les courriers ?"
"- Eh bien, ce sont des bénévoles, ils cherchent les noms des destinataires sur internet, simplement."
Hum. Dur. Apparemment, il n'est pas simple d'expliquer les critères de recherche.
La dame est très polie, je le reste aussi. Mais j'avoue que j'ai un malin plaisir à chercher une explication franche.
"- D'accord, j'entends bien, Madame, mais quels sont leurs critères, je veux dire, comment savent-ils, pour les envois, pour les noms ? pourquoi ai-je reçu, moi, votre lettre ?"
"- Oui, alors, ils cherchent les noms. Vous voyez, euh, ils cherchent les noms à consonance."

Enfin je sais. On cherche des noms juifs dans l'annuaire et on leur écrit. C'est simple... mais, que c'est compliqué à admettre ! Car en effet, faire du repérage de juifs selon la consonance du nom... c'est un peu gênant à avouer. D'autres ont fait la même chose avec des intentions criminelles et depuis, les méthodes "discriminantes" peuvent paraître contestables aux esprits sensibles.

Cela dit, c'est quand même moins gênant que les juifs "Loubavitch" (ultra-religieux fidèles à Rav Loubavitch, une sorte de prophète du mouvement 'hassidique) qui m'ont un jour interpellé dans la rue sur le mode "Bonjour Monsieur, vous êtes juif ?".

Voilà donc les méthodes des Loubavitch, qui tentent d'aider les juifs "perdus" à retrouver le droit chemin de leur doctrine, et de certaines assos humanitaires qui veulent s'adresser aux juifs pour glaner des fonds.
Il n'y a pas que les fachos de l'extrême-droite et les fous d'Allah pour tenter de repérer les Juifs à leurs noms, ou au faciès.

4 décembre 2010

"il faut sauver nos épouses"

Soudain, un afflux de films avec des héros qui ont pour mission de sauver leur femme.
Les panneaux pubs, après avoir accueilli l'affiche du film à bout portant "(il a 3 heures pour sauver sa femme"), ont laissé la place à l'affiche de les trois prochains jours ("il n'a que 72 heures pour sauver celle qu'il aime").

Le plus drôle : le second film, de Paul Haggis, est la version étasunienne du film pour elle, de Fred cavayé, qui est aussi le réalisateur de à bout portant
Au fait, je me demande si Cavayé a une dette envers sa femme...


Dans les histoires qu'on nous racontait, gamins, gamines, il y avait des hommes valeureux qui déjouaient tous les pièges, surmontaient toutes les peurs, pour sauver celles qu'ils aimaient. Puis, ils s'unissaient et ils pondaient.
Ensuite, le cinéma que j'ai connu, reprenait ces thèmes, avec des codes adultes : deux êtres ayant déjà pas mal roulé, fragilisés par la vie, qui se trouvaient. Des héros blessés, déjà un peu cabossés par la vie, têtes brûlées attendrissantes (Brando, Bogart, Depardieu ou Delon), qui ravissaient le coeur de belles, d'autant plus fascinantes qu'elles étaient déjà bousculées par la vie (Adjani, Ingrid Bergman, Baye). Des histoires turbulentes, dont, souvent, la conclusion promettait encore des turbulences. L'intrigue tournait autour de ça : la rencontre, le désir, le dépit, et l'amour qui surgit.



Ces dernières années, comme avec Ne le dis à personne ou la série 24 heures chrono, on a pu voir des productions qui racontent les tentatives de héros mariés pour sauver leurs épouses, pour maintenir vivants les fameux liens sacrés.



Les mentalités renouent avec les traditions, paraît-il.



Est-ce la crainte d'un monde instable où, comme disait Laurence Parisot, "l'amour est précaire", qui nous fait aimer ces films aux valeurs sûres ?

26 novembre 2010

Pubs Monoprix : le design contre le design.

Depuis quelques semaines s'étalent de nouvelles pubs pour Monoprix. Des affiches tendances, fun et urbaines, qui vantent... le design du packaging, dessiné par l'agence Havas city : coloré, très "pop-art" et un chouilla rétro. Comme on les aime à Paris quand on est en quête de beau et d'authentique.



version A. Warhol
L'ironie vient de l'argument de vente : "NON AU JUNK DESIGN".

Le Junk design, c'est un concept de notre temps, qui signifie le design outrancier, avec l'accent sur les couleurs et les effets et qui multiplie les formats : textes, symboles, quadrichromie, retouches photo, etc.
Monoprix revient à quelque chose de simple et d'autant plus accessible qu'on évite la pollution visuelle. Une campagne bourrée d'humour, en plus : "pourquoi se farcir de banales tomates ?" ; "lait écrémé, le contraire du lait écrémé" ; "on peut avoir le beurre et la beauté du beurre" ; etc. C'est sympa, ça met le client dans la confidence.


version Monoprix
L'ironie c'est quand même qu'on ne vend que du packaging ! juste une nouvelle image de marque... mais toujours en quadrichromie, et donc aussi coûteuse qu'auparavant — même si elle elle est minimaliste. Des couleurs suggestives, étudiées pour générer l'envie des produits. Et une campagne d'affichage large, omniprésente et polluante (matériellement et visuellement).


L'avantage d'attirer le client grâce à l'image de marque, c'est qu'on n'a pas besoin de trouver comment vanter la qualité du produit, sa saveur, son prix, ni son caractère "bio" pourtant très prisé. Pas un seul slogan pour dire : "on fait de meilleures choses, c'est plus pratique à ranger, ou c'est plus écolo..."
Non, ici, on, on espère attirer la clientèle uniquement grâce à des jolies couleurs, comme les néons attirent les mouches.

C'est beau, le lait, la nuit
C'est habile, c'est tendance et, j'en suis sûr, ça va marcher.




Bon, je vous laisse, je dois acheter des emballages alimentaires !

Un livre de notre monde

Pour présenter ce livre, je vais un peu parler de mon activité professionnelle : je suis salarié du Ministère de la culture, je bosse dans un grand musée dans une filière  et y exerce une activité syndicale depuis des années. Un syndicalisme qui consiste à informer, à faire bouger les rapports de force afin que les salariés se saisissent de ce qui les concerne : organisation du travail, défense des personnels, défense du service public de la culture, lutte contre la précarité...
L'organisation la plus honnête, la plus démocratique, la plus lucide et la plus combattive dans laquelle j'ai pu militer a été le syndicat SUD Culture.

Irène Pereira est une collègue, salariée dans un autre grand site culturel, et elle poursuit aussi une analyse du syndicalisme dans ce cadre, en tant que sociologue. Elle vient d'écrire un super petit bouquin, vif et pertinent : "les travailleurs de la culture en lutte".

Ce livre s'adresse "à tous ceux, militants, salariés du secteur de la culture et citoyens curieux, qui souhaitent mieux appréhender les transformations dans le secteur de la culture, les luttes syndicales et les mutations actuelles de l'État et du Capitalisme".

Les travailleurs de la culture en lutte
Le syndicalisme d'action directe face aux transformations du capitalisme et de l'État dans le secteur de la culture

Editions d'ores et déjà, novembre 2010 - 180 p., 8 euros.

À partir d'une étude empirique, basée sur des entretiens avec des militants de SUD Culture Solidaires et des observations participantes au sein de cette organisation syndiale, cet ouvrage propose un panorama des évolutions et des problèmes qui se posent actuellement dans le secteur de la culture en France : éditions, médias d'information, exploitation cinématographique, conservation du patrimoine, spectacle vivant. Il présente des luttes et des actions menées par des syndicalistes en particulier par rapport au problème de la précarité ou contre la Révision générale des politiques publiques (RGPP).

L'ouvrage propose en outre une réflexion sur la place du syndicalisme face au capitalisme et à l'État. Il avance des pistes de réflexion pour comprendre l'État, le capitalisme et leurs relations aujourd'hui.

Présentation de l'auteure:
Iréne Pereira est docteure en sociologie, chercheuse associée au GSPM / EHESS et chargée de cours à l'Université. Par ailleurs salariée au Ministère de la Culture, elle milite au syndicat SUD Culture Solidaires. Elle est en outre co-fondatrice de l'Institut de Recherche, d'Étude et de formation sur le syndicalisme et les Mouvements sociaux (IRESMO) et auteure de plusieurs ouvrages d'études politiques dont: Anarchistes (La Ville Brûle, 2009), Peut-on être radical et pragmatique ? (Textuel, 2010), Les grammaires de la contestation(La découverte, 2010).


10 novembre 2010

la fondation Chirac pour la prévention des conflits (HA HA HA)


Ha ha haaa ! hum.
C'est là :
http://www.fondationchirac.eu/

Le truc, c'est de récompenser des personnalités en leur attribuant le "prix de la Fondation Chirac pour la prévention des conflits".
Des gens qui agissent "en faveur de la paix"...

C'est quand même marrant, ça.
En 2003, lorsque Jacques Chirac s'était elevé contre la guerre atlantiste en Irak, "au nom de la paix", nous étions quelques uns à rigoler jaune. On avait tiré des stickers "Chirac, pacifiste de foire", en énumérant ses faits d'armes.

Aujourd'hui il anime la Fondation Chirac pour la prévention des conflits, à grands frais de pub. C'est vrai que dans le contexte régressif de l'oligarchie française actuelle, cynique et ultra-violente, Chirac pase pour un gentil. Lui et Villepin, ils éveilleraient presque une nostalgie pré-sarkozienne, une époque bénie où la droite faisait semblant d'être sociale.

Notons seulement que Chirac a soutenu le première guerre en Irak.
Chirac était un grand acteur de la Françafrique, ce système inventé par De Gaulle pour maintenir les anciennes colonies à la botte de la France. Et le gentil Villepin détenait les clés de ce système, à la suite de Pasqua et de Focart.
Chirac était un financeur de guerres civiles et pourvoyeur d'armes,
Chirac était un soutien des despotes africains et pilleurs des richesses locales.
Chirac était le responsable de la répression sanglante contre le peuple ivoirien en 2005.
Chirac était un bon pote de quelques tyrans, de Hu Jintao à Idriss Déby, faisant sien la formule de De Gaulle "un état n'a pas d'amis, il n'a que des intérêts".
Chirac était le commanditaire des essais nucléaires près des côtes de Mururoa,
Chirac était l'initiateur d'actions et de facilités en faveur des entreprises polluantes,
Chirac était celui, après Mitterrand, qui a assumé la lourde tâche d'occulter la responsabilité — directe — de la France dans le génocide rwandais.

Tout laisse à croire aujourd'hui que l'ancien président veut :
- soit atteindre la rédemption (mais sans assumer son passé ?)
- soit acheter une image de pureté angélique. Au prix fort.

Parce que pour financer l'accès à l'eau ici et là, pour inviter les chefs d'états au nom de ses amitiés toxiques mais en prétextant l'accès aux médocs, à l'éducation, la lutte contre la désertification, etc., va falloir débourser grave.
Et bien, qu'il paie.
Après tout, il a échappé à la Justice, qui l'aurait fait payer bien davantage...

9 novembre 2010

génération C.O.N.S.O.

si j'ai bien entendu les paroles chantées par ma fille, ça donne ça :
"T.E.X.T.O., génération texto /
nous on s'aime, et on s'le dit sur MSN /
t.e.x.t.o. génération texto /
et on soigne notre look en photo sur facebook..."

B Wiz'U, un groupe d'ados, chante ça sur une dance joyeuse. Ils sont produits par IAPIAP, émission de Canal J. Et c'est trop bien.

Super ! On fait de la pub pour les téléphones portables et facebook, en s'adressant à des mômes. J'ignore si la production de Canal J est financée par les opérateurs mobile et les serveurs internet, mais l'opération est réussie : la tentation est là, forte comme une bonne came. Le tube de B wiz'U s'ajoute aux autres publicités qui s'affichent en 4x3m, à la télé et dans les mags : pour le forfait mobile super fun et sans limite, pour communiquer en toute liberté (sic), pour échanger et s'envoyer des photos, des MMS et des humeurs à longueur de journée.

Et je vois que dans un an, ma fille aura bientôt 8, 9 ans et qu'elle balancera toutes ses photos et ses données personnelles sur le net — où elles ne lui appartiendront plus. Qu'elle militera pour avoir un portable et un méga forfait illimité dès que possible et qu'il faudra ouvrir des négociations.
Qu'elle développera la même addiction que son papa a chopée (vers l'âge de 30 ans).

Bah, je me console en me disant qu'il ne s'agit que de drogues douces.

Les Juifs et Jean-Luc Godard

C'est admis, Godard, grand cinéaste, va recevoir un Oscar, mérité, car il récompense une oeuvre.
Par ailleurs... par ailleurs, j'apprends que Godard s'est permis de belles envolées. Du genre :

"Ah, c’est toujours la même chose, les Juifs vous appellent quand ils entendent le bruit du tiroir-caisse."

"les attentats-suicides des Palestiniens pour parvenir à faire exister un Etat palestinien ressemblent en fin de compte à ce que firent les juifs en se laissant conduire comme des moutons et exterminer dans les chambres à gaz, se sacrifiant ainsi pour parvenir à faire exister l'Etat d'Israël" (...) "Au fond, il y a eu six millions de kamikazes"- interview lors du tournage de "conversations avec Jean-Luc Godard".

Le cinéma d'Hollywood : un business "inventé par des gangsters juifs". (Même si il avouait une fascination pour les gangsters, il oublie les Grecs, les Arméniens, les Italiens... rarement juifs)

"Sale Juif !", au producteur producteur Pierre Braunberger

etc.

Alors ? antisémite ou pas ? Faut-il d'ailleurs trancher ?
"Si l'on me demande si Jean-Luc Godard est antisémite, je répondrai non. Mais c'est plus compliqué que ça. Ce qui est sûr, c'est que c'est un antisioniste convaincu, et qu'il se permet des raccourcis dangereux, douteux, sujets à controverse, par goût de la formule provocante."
Jean-Luc Douin, journaliste au Monde.

Selon certains, on n'est pas antisémite tant qu'on reste dans la parole et dans la fabrication d'image. Selon cette logique, on n'est antisémite que dans les actes.
Allons-y, alors, lâchons-nous : bavons, appelons à la haine d'une population, jouons avec les amalgames qu'on veut, libérons notre fiel contre les Juifs : ce ne sont que des mots, des "formules provocantes", mais pas de l'antisémitisme.
Il y aura toujours assez de penseurs de chambre pour nous protéger, en disant... qu'il ne s'agit que d'un discours pro-palestinien.

Je rappelle qu'on a dit la même chose, pendant très longtemps, à propos de Dieudonné notamment, avant de se rendre à l'évidence : les blagues et les provocations révèlent toujours le fin fond de la pensée, et d'ailleurs une blague homophobe ou anti-nègres répugnerait à celui que l'homophobie ou le racisme rebutent (sauf pour rire du racisme)
Ici, pour moi il s'agit bien de dénigrer, de ridiculiser "les Juifs", et de légitimer les torts qui leur sont faits. J'ai le culot d'appeler ça de l'antisémitisme.

Démerdez-vous avec les formules, jouez sur les mots, mais tout cela reste inacceptable.

2 novembre 2010

deux beaux délits d'initiés

dans la catégorie délits d'initiés, j'ai eu deux nouvelles qui méritent d'être largement relayées, tellement elles ont d'impact sur l'évolution de nos sociétés, et si peu de relai dans les médias.

D'abord, à propos de quelques entreprise françaises multinationale et de leur rapport avec l'écologie (la vraie, pas le développement durable et son industrie). Le réseau Climate Action Network Europe a publié en octobre un rapport qui nous apprend que plusieurs entreprises européennes, dont GDF-Suez et Lafarge, versent de l’argent aux sénateurs américains qui s'opposent aux actins écologistes. En clair, elles font du lobbying pour pouvoir polluer dans le monde entier.
Lire l'info sur ReporTerre

Autre révélation, encore moins relayée, c'est le scandale "Vuitton au musée Carnavalet" : le but de cette opération publicitai... pardon, de cette expo, est de présenter la société sous un vernis de mensonges et en gommant tout ce qu'il y a de trop embarrassant dans l'histoire de la société, dans les liens étroits entre l'entreprise et le pouvoir... Une illustration de l'oligarchie française.

Bonne lecture !

1 novembre 2010

les Indigènes "négro-musulmans" de la république ??

A voir : l'appel pour la marche 2011 du Parti des Indigènes de la République.

Ben zut. Moi qui croyait qu'un mouvement comme les Indigènes de la république pourraient au moins se faire les porte-parole de TOUTES les minorités, qui pourraient représenter les immigrés sud-américains, sri-lankais ou cambogiens, avec autant d'énergie qu'il défend les musulmans et les "renois"...
Dans leur dernier appel pour la marche 2011 des Indigènes, c'est clair : "Rebeus, Renois", tous solidaires, "contre l'islamophobie et la négrophobie". On ne trouve aucune dénonciation du "racisme", ni même de la discrimination sociale.

Concernant les Indigènes, en fait, je n'ai plus d'illusions depuis longtemps. On connaît leurs positions "pour un Islam progressiste et populaire", sans jamais qu'ils remettent en question les institutions religieuses, sans jamais qu'ils parlent d'émancipation sociale par d'autres concepts de ceux de "nations" (nation noire, nation religieuses - on connaît le danger qu'il y a à défendre des nations, françaises ou autres). J'ai déjà constaté les amalgames qu'ils opèrent entre : Français, blancs, non-musulmans, élus, nantis... tous ligués contre les immigrés.

Ils se plaçent "contre", sans dire avec quoi ils sont "pour". On sait qu'ils se définissent, non pas par des revendications d'émancipation, d'accès au savoir, démocratiques, mais par leurs identités, ethniques et religieuses.... ce qui les enferme dans un combat ethnique. Mais je ne pensais pas qu'ils ne se faisaient les représentants que des Noirs et des Rebeus... Dommage. Au début de leur aventure, certains des Indigènes avaient un discours plus riche et plus percutant face à l'Etat capitaliste, néo-colonialiste et policier.

Ce que je vois aujourd'hui, c'est aussi qu'ils ont expulsé de leurs textes toute revendication purement sociale : il ne s'agit ni de s'approprier les richesses qui devraient leur revenir, à eux comme à tout le monde, ni de prendre part à l'appareil démocratique. Il ne s'agit surtout pas de défendre une émancipation sociale, ni de mettre à bas le capitalisme... mais seulement de mettre à bas le colonialisme actuel.
Or on ne peut pas séparer la population française actuelle entre colons et colonisés, en la simplifiant à une confrontation entre "dominants judéo-chrétiens" et "dominés négro-musulmans".

Il n'y a pas de religion progressiste, mais seulement des sectes populaires. Eh, les Indigènes, émancipez-vous, démerdez-vous seuls, mais apprenez à sortir des carcans religieux et racistes dont vous vous êtes faits les garants, malgré vous !

31 octobre 2010

Féminité dans la pub : Femmes ouvertes, prêtes à consommer


Aviez-vous déjà remarqué ?

Joyce Jonathan / Higelin ; 2 concerts
Sinik ft Vitaa

TBM: plus suggestif que Très Bon Marché


le mag "Polka"
Pietragalla "la tentation d'Eve"



C'est pourtant presque systématique, sur les affiches de pubs, affiches de concerts, de films, photos de mode, couvertures de journaux féminins... : les femmes posent les lèvres entr'ouvertes, dans une posture d'invitation explicite (ça ne se conçoit pas pour les hommes, qui généralement montrent un visage fermé et une bonne gueule volontaire.)

On sait combien la publicité use d'attraction sexuelle : on se rappelle la pub des années 90, qui disait : "il a une Audi, il aura la femme". Le boulot des publicitaires c'est ça : conférer au produit une charge érotique.

"L'irrépressible 'pulsion consommatrice', ne se suffisant pas des biens matériels, a besoin pour s'assouvir de multiplier à l'infini les 'biens symboliques' ", explique François Brune (*).



Avant la seconde guerre mondiale, on cantonnait les femmes à certains rôles féminins : "la maman" rassurante, fondatrice de foyer. Elle apparaissait sur les affiches de films ou de propagande, docile, aimante et tendre avec ses rejetons. Laborieuse quand elle était prolétaire, fragile dans les classes aisées. Selon la distribution traditionnelle des rôles, les hommes sont des combattants et des maîtres, les femmes sont dans le domaine du sensible.
 Lorenz Kellner, pédagogue allemand, écrivait en 1852 : "Dans le cercle familial c’est le plus souvent la mère, faible, qui défend le principe philanthropique, tandis que le père, dans sa nature abrupte, exige l’obéissance absolue (...) c’est la raison pour laquelle il est à la tête de l’ensemble, et donne à l’esprit qui y préside son orientation".

Depuis les années 1950, les hommes au pouvoir ont proposé des modèles féminins plus sexualisés dans l'iconographie collective : l'allumeuse, l'aguicheuse, le sexe faible mais source de plaisir. On affichait les femmes avec tout un tas d'attitudes pour qu'elles paraissent plus désirable : les lèvres entr'ouvertes comme des poupées disponibles, des objets consommables.
 
Je fais ce constat aujourd'hui, alors que notre société est encore très hétéronormée et patriarcale. Je fais ce constat à une époque où la grande majorité des affiches et des pubs sont encore conçues par des hommes.

mag "Penthouse"
Ces postures de femmes prêtes à consommer, on les retrouve en effet partout, dans les attitudes qu'on exige de la part des hôtesses, des comédiennes, des performeuses porno, des mannequins, quels que soient les fins commerciales... jusqu'aux campagnes de prévention sanitaires !


 

Un cas d'école sur les affiches de cinéma ? On y voit ça : les hommes, en fermant la bouche avec un air arrogant, expriment la détermination, l'arrogance et l'action ; les femmes, en ouvrant les lèvres, expriment la langueur, l'inquiétude, l'émoi, la fragilité.

I. Le Besco filmée par son gardien
"Secret défense"

"the Town"

"Invasion"
James Bond & une "James Bond girl" (seul le modèle change)
 

Le cas extrême : on demande à des petites filles de jouer la langueur sexuelle, sans qu'elles puissent discuter de la signification de ces mises en scène.
 
Ces modèles de femmes prêtes à consommer remplissent l'espace public. Chaque jour on en croise des dizaines, des modèles si banalisés qu'on ne remarque plus ce qui peut être acceptable ou non, et qu'on intègre des normes sans en avoir conscience.
 
façon Christine Lagarde
Les seules femmes qu'on représente de façon moins sexuée (donc en fermant la bouche) sont : les mamans, les mamies ou les conseillères de banque. Celles-là doivent être pro, fiables, pas sexy — sinon ça desservirait la cause. Donc souriez les mamies, mais avec l'air sobre !

Partout ailleurs règne le modèle de la femme "ouverte".


Alors c'est vrai, les mœurs et les mentalités changent. Dans les représentations collectives, on commence à voir des hommes s'occuper des mouflets et des active women à la tête de Veolia.
Mai la publicité a toujours besoin d'objets dérivés du désir, et use toujours d'archétypes sexuels. Le jour où le monde de la pub cessera d'afficher les femmes avec la bouche ouverte, on cessera peu à peu de les réduire à des objets de désirs.


* François Brune, professeur et écrivain, est fondateur du RAP, Résistance à l'agression publicitaire

22 octobre 2010

les flics casseurs pour dégonfler les manifs

"Des flics casseurs... des policiers casseurs dans les manifs... non, le pouvoir ne tolèrerait pas une chose pareille". En effet, c'est tellement choquant qu'on n'ose l'admettre.

J'ai reçu une vidéo montrant des casseurs qui semblaient être des policiers, diffusée par le magasine indépendant "le Post". Leurs réactions face aux manifestants, leur organisation, leur accoutrement, leur attitude, leurs matraques, faisaient bien penser à des flics. Mais la vidéo, montrant ces heurts dans la manif parisienne du 16 octobre, est cahotique, floue et pas suffisamment probante.
Ma chérie m'a affirmé que non, les flics qui viennent dans les manifs, ça tient du fantasme, que cela se saurait, et que j'avais tendance à affabuler. Certes, on peut attendre ce genre de choses d'un paranoïaque de mon espèce, mais ce que j'ai vu, vécu moi-même, concorde trop bien avec ce que m'ont rapporté d'autres militants, plus vieux que moi, et qui ont vécu des mouvements sociaux depuis 1968. Les forces de l'ordre qui viendraient faire "dérailler" les manifs et jeter le discrédit sur des luttes supposées violentes, ce n'est pas nouveau.
Est-ce une méthode pour que les médias ne se fassent plus l'écho des raisons de la colère, mais seulement des dégradations des vilains citoyens ? La question mérite d'être posée.

J'ai répondu à ma chérie qu'il suffirait d'aller pêcher des infos dans la presse pour prouver ce phénomène de flics casseurs ; je suis allé voir moi-même.
J'ai trouvé bien peu de chose.
Un article du Canard enchaîné (rapporté par le Figaro notamment !), des diffusions à l'étranger, ou dans les médias indépendants
Et des témoignages, des témoignages et encore de ces témoignages individuels dont la presse ne se fait pas l'écho.

Et un buzz se forme à partir de la vidéo dont je parlais au début, et parfois, des "experts" donnent leur avis. Mais pourquoi maintenant, pourquoi seulement maintenant ?

Alors, espérant que les médias aient les corones d'en parler clairement, en cherchant des preuves et sans le souci de froisser le pouvoir... j'apporte mon témoignage.


En 2005 à Paris, en plein marasme place de la république : un jeune type encagoulé qui tapait avec une barre sur une voiture et menaçait les manifestants, en restant à l'écart… les flics se sont rués vers lui, vraisemblablement pour l’arrêter, le mettant au sol… puis, quand les manifestants s’étaient écartés, le type encagoulé se relevait et rejoignait les rangs des flics en uniforme, tapes dans l’épaule. Pas nouveau, les casseurs-flics qui décrédibilisent les manifs pour qu’on parle davantage des casseurs-à-cagoules que des raisons de la colère.

Ce que j’ai déjà vu, aussi il y a quelques années, c'est un autre phénomène, celui des flics qui couvrent des casseurs... et m’a davantage marqué : des flics encadrant des bouches de métro ‘place d’italie’ (lieu de départ de la manif) et faisant crépiter les talkies en désignant tel ou tel manifestant.
Moi je rebroussais chemin vers le métro, quittant plus tôt la manif pour aller chercher ma fille. Ce que j’ai vu m’a sidéré :
des hordes de jeunes, ados et pré-adultes de banlieues encapuchonnés, par centaines (!!), qui sortaient en trombe des bouches de métro pour se ruer sur l’arrière des cortèges et agresser les manifestants. Silence radio dans les talkies, aucune réaction de la part des flics. Et les jeunes fondant sur l'arrière du cortège, où je commençais à entendre des hurlements. J’étais tout près des bouches de métro et ils ne s’en sont pas pris à moi. Mais les flics n’ont rien fait, pas un mouvement, rien pour arrêter ça. Le soir les médias ont parlé de casseurs, de vols de portables et de manifestants agressés, bref de mouvement qui dégénère.

De là à parler d’ententes entre bandes sous-prolétariennes et police pour foutre du bordel (et peu de discrédit) sur les manifs, il n’y a qu’un coup de tonfa.

12 octobre 2010

relectures / décryptages

Un truc que j'aime vraiment, c'est observer les pubs, les affiches, les iconographies, les campagnes visuelles, pochettes de disques, photos de promotion de notre occident contemporain (parce que c'est le monde que je connais bien) et d'y déceler les messages implicites : intentions, injonctions, violence occultée, manipulations des désirs et de l'ego des "consommateurs". Etre publicitaire, ça demande un sacré savoir-faire pour anticiper les réactions du public et l'amener là où on veut qu'il aille.
Au début de ma vie d'adulte, j'avais fait des stages dans des boîtes de pub, en tant qu'apprenti "exécutif", le jeune qui était censé trouver des idées visuelles, trouver des mises en formes séduisantes pour le client qui devait bien vendre sa came. Ce savoir-faire m'a fasciné, et je suis aujourd'hui mi-admiratif, mi-méprisant pour les concepteurs de visuels publicitaires : ils ont cette capacité de guider un public par des codes sensitifs, tout en finesse (pas toujours) suggestion et en rouerie, et presque toujours au service de la fourberie et de la manipulation.

Je me suis rendu compte que ces messages diffusés usent souvent de condescendance et de manipulation, de manichéisme et de flatterie, souvent même sans que l'auteur de la pub s'en rende compte. Et même pour des campagnes contre le Sida ou pour des initiatives publiques, écolo, qui ne sont pas censées être mercantiles.

Il y a quelques temps j'avais tenté de décrypter les publicités pour EDF. Tout comme je me marre en moquant les messages pourris d'autres réclames.
Je vais continuer dans cette relecture de l'iconographie commerciale. Décrypter, déceler les intentions, c'est démystifier et ébranler l'aura de crédibilité des organismes qui s'affichent. Décrédibiliser une campagne pour Cétélem ou pour Areva, ça me semble nécessaire — et en plus ça m'amuse.

2 octobre 2010

les Objectifs du millénaire pour le développement, sapés par le libéralisme international

j'ai récemment lu un bouquin d'Aminata TRAORÉ, cette ancienne ministre de la culture au Mali, et surtout actrice de premier plan du mouvement altermondialiste. Cela s'appelait "le viol de l'Imaginaire, et j'en publie des extraits importants dans le blog "papiers mâchés" (extraits de lectures) :
http://canard-aux-figues.over-blog.com/
Elle y parlait notamment des Objectifs du Millénaire pour le Développement, un projet du Sommet du Millénaire en septembre 2000  ; il s'agissait notamment de ça : "Eliminer l'extrême pauvreté et la faim d'ici 2015".
Pour ce qui est de l'Afrique, non seulement la pauvreté n'a fait que s'accroître, mais les principales actions internationales sur l'Afrique ont consisté à dévaluer les monnaies, imposer des programmes d'ajustement structurels (des prêts soumis à des conditions d'expropriations des biens publics locaux), acheter les sols de pays entiers pour exploiter les ressources en toute quiétude, avec l'assentiment des chefs d'Etats aux ordres des puissances internationales, etc, maintenir les dettes des états, etc. Avec, évidemment, l'aval des boîtes pharmaceutiques, banques et industries internationales.

Aujourd'hui, 10 ans après le lancement des OMD — au moment où l'Assemblée générale des Nations unies se réunit fin septembre — des acteurs internationaux de la santé lancent un appel. " (...) L'Afrique subsaharienne affiche des taux de mortalité maternelle scandaleux, avec près de 1 décès pour 100 grossesses, cent fois plus élevé que dans les pays riches. L'absence de soins représente la première cause du décès en couches ou dans les jours qui suivent l'accouchement.

C'est pourquoi en tant que médecins, pour la plupart impliqués dans des programmes de santé à international, nous lançons un appel d'urgence à tous les décideurs et financeurs : cessons de considérer les ressources humaines en santé comme un simple fardeau pour les dépenses publiques. La santé est avant tout un droit humain fondamental et tout investissement aujourd'hui est profitable pour l'avenir. La santé reste l'un des principaux piliers du développement humain. (...)
"

Mais quand on réalise le rôle des initiatives "en faveur des pays du Tiers-Monde", comme l'initiative PPTE (pays pauvres très endettés), visant à "assister les pays les plus pauvres du monde en rendant leurs dettes internationales", il y a de quoi tiquer : Cette initiative, lancée par le FMI et l'OMC en 1996, consistait à "lancer des signaux forts aux investisseurs potentiels en se fixant comme objectifs pour chacune des privatisations de céder une majorité absolue de ses actions" (Ministère malien de l'économie, du plan et de l'intégration, 1999).

Il est beau, l'humanisme façon banquière. C'est cette hypocrisie qu'il faut dénoncer, et soutenir l'appel de : Michel Kazatchkine, Jean-François Mattei, Marc Gentilini, Xavier Emmanuelli, Olivier Bernard, Awa-Marie Coll-Seck, Ogobara Doumbo, Denis Mukwege…

31 juillet 2010

Guy Millière et le petit con.

Echange standard avec un chroniqueur de l'agence de presse MENA, investigation et sujets de géopolitique. les chroniqueurs se remarquent par leurs engagements parfois courageux, mais aussi parfois par des prises de arguments pas toujours fondés.

Hier, c'était Guy Millière qui s'exprimait sur les déclarations pas finaudes d'Oliver Stone, cinéaste démago. Celui-ci a déclaré « Hitler a fait bien plus de mal aux Russes qu’au peuple juif, 25 ou 30 millions ». Le réalisateur du très controversé JFK a continué en évoquant l’influence des juifs sur la politique américaine : « Il y a un très gros lobby aux Etats-Unis. Ce sont de gros travailleurs. Ils restent au sommet de tous les commentaires, le lobby le plus puissant à Washington. Israël a foutu en l’air la politique étrangère des Etats-Unis depuis des années ». Peu après il ajoutait : « Il est évident que les Juifs ne contrôlent ni les médias ni aucune autre industrie. Le fait que l'Holocauste soit, encore de nos jours, un sujet très important, présent dans les mémoires et dans les débats est, en fait, dû au dévouement exemplaire d'une large coalition de personnes déterminées à perpétuer le souvenir de cette atrocité - car ce fut bien une atrocité ».

Guy Millière, c'est un journaliste plutôt très atlantiste, très "choc des civilisations", se situant du côté de la civilisation capitaliste et judéo-chrétienne. C'est un universitaire (assistant à l'Université Paris-8) présent dans des think-thank libéraux, comme l'Institut Turgot en France & en Belgique, l'American Enterprise Institute, etc.
Guy Millière a publié dans la MENA un article fait d'amalgames, mêlant des notions distinctes et tendant à prouver que Stone aime Hitler et que le conflit contre les Juifs intègre, en gros, les trois quarts de la planète.
La discussion pour savoir si Stone est ou n'est pas antisémite n'a pas beaucoup d'importance : ce cinéaste fonctionne à la fascination, il aime que son cinéma impressionne les spectateurs autant que lui-même est impressionné par les figures d'une supposée contre-culture — fussent-elles hostiles aux Juifs. ce qui m'intéresse, ce sont les arguments développés par Guy Millière. Je me suis fendu d'une réponse — il m'a répondu — et je lui ai encore répondu, plus longuement encore. J'ai tenté dans mes messages de pointer ses incohérences, ses amalgames. tenté de lui dire aussi qu'il n'a pas, en face de lui, que de la malveillance. Qu'on peut être de gauche et pas antisémite, tout ça, bref... 
J'aurais pas dû, c'était une perte de temps, vu le zozo, mais ça, je m'en suis rendu compte après. 

Notre échange me semble éclairant sur les états d'âme d'un journaliste qui se berce d'illusions pour mieux se poser en victime.

Voici l'article de Guy Millière, visible sur le site http://www.menapress.org/

Oliver Stone aime bien Hitler
Par Guy Millière © Metula News Agency - 28 07 10

"La France politiquement correcte a adoré les films de Michael Moore. Tout particulièrement Fahrenheit 9/11.
Même si nul ne conteste plus que le cinéaste a eu recours à la falsification et au mensonge, on vous répondra, comme l’a fait un commentateur lors d’un bref échange que nous avons eu, voici quelques mois, sur l’antenne d’une grande station de radio, que mentir pour la bonne cause est une action tout à fait excusable, voire digne de louanges.
Je n’irai pas jusqu‘à affirmer que le fait que Michael Moore ait écrit des pages antisémites ne le dessert pas du tout, mais je le pense.
Il est un autre cinéaste que la même France apprécie beaucoup : Oliver Stone. Après des films ouvertement marxistes et férocement haineux à l’encontre des Etats-Unis, celui-ci semblait s’être assagi en réalisant World Trade Center, film émouvant et tout à fait acceptable sur des sauveteurs se retrouvant pris dans les décombres de l’effondrement des Tours Jumelles, le 11 septembre 2001.
S’ensuivit une biographie de George W. Bush, appelée W, dont je pensais devoir attendre le pire et qui s’est révélée plutôt gentille pour celui qui fut, pendant sa présidence, l’homme le plus détesté de la Terre, loin devant Ben Laden.
Mais Stone n’est pas homme, semble-t-il, à se laisser glisser doucement vers le confort et les bons sentiments. En cette seule année, il a réalisé une suite à son pamphlet caricatural Wall Street, appelée Wall Street, Money Never Sleeps (Wall Street, l’argent ne dort jamais), qui devrait sortir bientôt en salles et ravir tous ceux qui communient dans la haine de l’argent, la détestation de la finance, et dans l’anticapitalisme viscéral.
Cela ne suffisant pas à refaire sa réputation, il a aussi produit un documentaire déjà sorti aux Etats-Unis, et qui devrait atterrir prochainement en France, intitulé South of the Border (Au sud de la frontière), où les nostalgiques du Stone marxiste trouveront de quoi satisfaire leurs appétits et défouler leur frustration.
Le sujet est le caudillo Sud Américain Hugo Chavez, dépeint comme un saint homme, ami des pauvres, empreint d’une générosité sans bornes, en proie à l’hostilité illimitée de l’odieuse puissance impérialiste située au Nord.
Dans le pays où Stone a précisément le courage extraordinaire de résider et de gagner sa vie de résistant, en prenant de temps à autres un peu de repos au bord de sa piscine, dans l’horrible quartier de Beverly Hills.
« Gauchiste » est leur carton d’invitation à demeure chez les bienpensants,
« antisémite », l’un de leurs dénominateurs communs
Outre Hugo Chavez, on retrouve, au fil des séquences, d’autres personnages très sympathiques et extrêmement épris de liberté, Evo Morales, dirigeant du mouvement des planteurs de coca, la plante dont on tire la cocaïne, et président gauchiste de la Bolivie ; Rafael Correa, président gauchiste de l’Equateur, Lula da Silva, président progressiste du Brésil, et, bien sûr, Raul Castro, dictateur en exercice de Cuba, et successeur de son frère Fidel, à qui Stone avait déjà consacré deux documentaires élogieux en 2004.
Ronald Radosh, auteur de nombreux livres scrupuleux a écrit, au moment de la sortie de South of the Border aux Etats-Unis, tout ce qu’il y a à en dire : « C’est une narration d’extrême-gauche, qui fait partie d’une longue lignée de films de propagande totalitaire, une version américaine de la vieille agitprop soviétique.
Il n’y a pas une seule voix discordante dans le film. Et aucune mention du fait que M. Chavez a fait fermer les stations de radio et de télévision vénézuéliennes qui ne lui convenaient pas, et fait arrêter les dirigeants politiques qui étaient en désaccord avec lui ».
Stone, qui veut décidément, tout invite à le penser, laisser une trace marquante, travaille à une série documentaire appelée Oliver Stone's Secret History of America, l’histoire secrète des Etats-Unis vue par Oliver Stone.
Son objectif non dissimulé est de traîner un peu davantage dans la fange, non pas seulement quelques épisodes de l’histoire de son pays, mais l’intégralité de celle-ci.
On apprend qu’y seront réhabilités des personnages aussi nobles que Staline, Mao, et, bien sûr, le trop mal aimé Adolf Hitler. Je ne doute pas qu’une chaîne française saura acquérir les droits de diffusion de la série. Je ne doute pas non plus que certains lui trouveront des qualités et écriront qu’elle donne à réfléchir.
Oliver Stone a rencontré, au cours de ses récents voyages, le gentil Mahmoud Ahmadinejad, qui a dû lui donner des conseils sur la façon de lire Mein Kampf et de lapider les femmes infidèles.
Expliquant pourquoi on parlait encore tant de la Shoah, Stone, dans un entretien accordé au Times de Londres, expliquait que cela venait de « la domination juive sur les media », et ajoutait, avec délicatesse, « Israël a ‘foutu la merde’ dans la politique étrangère américaine depuis des années ».
Revenant à celui qui paraît être devenu son penseur favori, il précisait : « Hitler est un bouc émissaire trop facilement utilisé ». Yuli-Yoël Edelstein, ministre des Affaires de la Diaspora en Israël, a dit, à juste titre à mes yeux, que ces remarques étaient « antisémites ».
Stone répondra vraisemblablement qu’il n’est pas plus antisémite que son confrère Moore, qu’il déteste surtout Israël (l’entité sioniste, comme ils disent), et que les seuls Juifs qu’il n’aime pas sont ceux qui soutiennent Israël, qui se souviennent de la Shoah, et qui n’ont aucune sympathie et pas la moindre compassion pour Adolf Hitler.
Je crains que ce genre d’explication finisse par devenir acceptable en France. Michael Moore peut être antisémite de la façon qui convient en France aujourd’hui : c’est un antisémite d’extrême-gauche. Stone entre dans la même catégorie.
(...)

* * * * * * *

Ma réponse à Millière, via l'agence La Mena :

"Voilà,
c'est ça le problème. L'auteur Guy Millière affirme avec aplomb que "nul ne conteste plus que le cinéaste (Michael Moore) a eu recours à la falsification et au mensonge". C'est faux. Il y a eu polémique sur le caractère partisan du film, mais aucun fait cité ne pouvait être nié  et c'était ce qui était très dérangeant dans ce film.
Un peu comme dans l'excellent Décryptage, de Jacques Tarnero : partisan, parfois misérabiliste, mais authentique.

Evo Morales, Rafael Correa, présidents de pays d'Amérique du sud, ne sont pas des manipulateurs comme Chavez, n'ont pas de discours idiots et haineux comme lui (comme quoi ce n'est pas être de gauche qui est dangereux, c'est mener une politique aux frais d'une population ciblée, et j'en connais à droite autant qu'ailleurs qui font cela). Morales et Correa ont des actions politiques incroyables, exemplaire, dont on devrait constater ce qu'elles ont de bénéfique au lieu de stigmatiser leur "gauchisme" sans autre forme de procès.
Et à propos de la coca et de ce que c'est... que Millière se renseigne...

"Mal nommer les choses ajoute au malheur du monde" ? [il s'agit de l'exergue du site de la Mena]. Mentir également, et citer Camus ne protège pas de la démagogie

Quant à Stone, il s'est assagi après des films ouvertement marxistes !!! qu'est-ce qu'il faut pas lire ! Et Millière, en revisitant l'histoire à sa guise, il tente de s'assagir ou bien il tente de n'être plus qu'à l'écoute de ses propres terreurs ?

Je ne soutiens pas Stone quant à ses fréquentations iraniennes, quant à sa vision simpliste et manichéenne du monde. Lui-même, comme réalisateur, fait du gros spectacle bien hollywoodien, en réduisant tout discours à des divertissements sentimentalistes — que ce soit sur le Vietnam ou sur les Doors.

Aujourd'hui il ajoute la haine à la médiocrité artistique.

Si ce n'était pas Stone, je ne pourrais pas donner tort à qui affirmerait que si on parle tant de la Shoah, ça vient de « la domination juive sur les media ». Les métiers liés aux médias donnent une visibilité et une influence.

Peut-on nier que sur 15 millions de Juifs, on trouve bien plus 10% de journalistes juifs ? Que sur moins de 0,8% de population juive, on en trouve autant dans les médias ... ET QUE CA N'A AUCUN IMPACT SUR LES LIGNES EDITORIALES ? que beaucoup de Juifs eux sont producteurs, journalistes ou patrons de presse ? Qu'il y a 3 jours peine, il y avait 2 émissions sur les Juifs sur deux chaînes différentes à la même heure ?
Y en a-t-il autant sur les Sri-lankais, les Chinois ?
Est-ce parce que ces sujets sont réellement importants, ou est-ce pour flatter une minorité influente ?

Il y a des métiers juifs (médias et métiers libéraux) comme des métiers asiatiques (rtextile, estauration), des métiers de subsahariens (chantiers), des métiers de femmes... Ca n'est pas sans conséquences, et surtout il est contre-productif de le nier.

Quant à «Israël a ‘foutu la merde’ dans la politique étrangère américaine depuis des années»... dans la mesure où ils existent comme lobbie important empêchant d'agir sans passion, c'est vrai.
Nous avons encore cet avantage en France que les lobbies n'influent pas autant qu'aux USA sur la politique intérieure et extérieure. Mais l'oecuménisme et le réflexe sarkozien de flatter et d'attiser le communautarisme (musulman ou juif) nous en rapproche.

Je ne comprends pas l'intention de Millère d'amalgamer Stone et Moore, de comparer Morales, Correa, Ahmadinejad et Chavez, de rapprocher grossièrement gauchisme et antisémitisme... je n'en déduis qu'une chose : l'intention est-elle de crier haro sur tout ce qui est de gauche (comme Béhé quand il parlait de "ceux qu'on nomme les altermondialistes") pour les dénigrer ?

Guy Millière, on ne fait pas de journalisme qu'avec son ventre.
janfeig"

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La clinquante réponse de Millière (clinquante, je veux dire, un peu bling-bling) :

"Vous semblez ne pas savoir de quoi vous parlez. Je me situe sur le terrain de la connaissance. Si vous faisiez de même, vous auriez pris connaissance du livre que j’ai consacré à Michael Moore dans lequel je démonte point par point l’ensemble des mensonges et falsifications contenus dans les films de Michael Moore, tous ses films, jusqu’à Sicko (le dernier film de Moore n’était pas sorti quand j’ai écrit le livre). Il y a des centaines de notes renvoyant aux sources originales. Tous les "faits" cités par Moore sont falsifiés. Renseignez-vous avant d’écrire. Vous pouvez lire en anglais aussi Do As I Say de Peter Schweizer, ou Michael Moore Is a Big Fat Stupid White Man de David T. Hardy, ou encore Forgive Us Our Spins: Michael Moore and the Future of the Left, de Jesse Larner. Quand vous aurez lu, vous commencerez, commencerez seulement à savoir de quoi vous parlez.
Pour Oliver Stone : je vous recommande quelques articles qui vous permettront eux aussi de vous cultiver : Myles Kantor, Oliver Stone's Cuban Lovefest, Frontpagemagazine, 4 mai 2004, et The Real Oliver Stoned Story, de Steven Plaut, toujours dans Frontpage, 2 juin 2005.
Sur Morales et Correia : Terrorists, Marxists, Leftists and the Democrats de Lance Fairchok, americanthinker.com, 10 mars 2008, ou le livre de Douglas Schoen et Michael Rowan, The Threat Closer to Home: Hugo Chavez and the War Against America, Simon and Schuster, 2009. Je suis renseigné, merci. Je n’ai pas d’opinion. J’ai des faits. Je suis historien, économiste et géopolitologue.
De la part d’un juif, je suis très surpris de vous voir cautionner des accusations antisémites. Il y a un très grand nombre de juifs parmi les artistes et les scientifiques. Si on est antisémite, on parle comme Stone. Si on n’est pas antisémite, on dit que la culture juive incite à l’étude et à la créativité et que cela donne des accomplissements remarquables. Je me place dans la deuxième catégorie, car c’est une fois encore celle des faits.
Les affirmations concernant l’influence d’un lobby juif sur la politique étrangère américaine relèvent du mensonge et ne reposent une fois encore pas sur les faits. Le livre de Walt et Mearsheimer est très aisément réfutable, même si, comme tout ce qui dissémine des rumeurs nauséabondes il fait des dégâts. Je vous conseille, là : Abraham Foxman, The Deadliest Lies: The Israel Lobby and the Myth of Jewish Control, Palgrave Macmillan, 2007, et Alan Dershowitz, The Case Against Israel's Enemies, Wiley 2009.
Quand vous aurez fait un peu de travail de lecture, nous pourrons éventuellement, reparler.
On n’écrit pas sur des sujets qu’on ne connaît pas. Etant professeur d’université, si vous étiez étudiant, je vous dirais de retravailler votre sujet, et j’ajouterais que votre copie ne mérite pas la moyenne."

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C'est bon, j'ai pigé. Désolé, M. Millière, c'était une vraie perte de temps. je ne suis pas savant ni expert médiatique, donc je ne sais pas penser. Je suis consterné par cette vision de l'omniscience des élites universitaires. J'abdique.