8 mars 2019

JUJITSUFRAGETTES - un article paru dans Chéribibi N° 10

En ce 8 mars, je poste ici les pages d'un article titré : JUJITSUFRAGETTES ! — extrait du numéro 10 de l'excellente revue Chéribibi.

On y rappelle que les féministes anglaises du début du XXè siècle ont gagné leurs droits de "hautes luttes" : lutte sur le ring, combats de rues et ju-jitsu !

Le Suffragettes Self-defense Club, créé en 1909, était réservé aux militantes de la WSPU (Women's Social & Political Union) et de la Women's Freedom League. Sa créatrice, Edith Garrud, fut la première instructrice d'arts martiaux en 1903 (elle cachait aussi des armes dans son dojo). Mais Edith Garrud, accompagnée dans ce projet par son mari William, ne fut pas la seule pionnière. Il y eut Emmeline Pankhurst, Marie Clark, Emily Watts, Florence Le Mar... En France : Marguerite Vigny — femme d'un maître d'armes, elle créa une technique d'autodéfense avec parapluie —, Madeleine Pelletier. L'artcile nous donne à connaître quelques portraits de ces femmes, quelques exemples de leurs actions libératrices.

En bref : de combats en actions militantes, les femmes britanniques ont conquis le droit de vote pour 8 millions d'entre elles en 1918, et la redéfinition de leur rapport à la violence politique et domestique.





Crédits : Daniel Paris-Clavel
http://www.cheribibi.net/

"L'agresseur décide qu'il y aura violence ; à nous de décider contre qui cette violence sera dirigée" - dans Non c’est non, d’Irene Zeilinger, Zones, Paris, 2008

"Quand on veut travailler à promouvoir l’humanité, il faut la prendre telle qu’elle est. Il est certain que casser un carreau n’est pas un argument ; mais si l’opinion, sourde aux arguments, n’est sensible qu’aux carreaux cassés, que faire ? Les casser, évidemment." - Madeleine Pelletier

3 mars 2019

#HackingParis : une opération tech, geek, fric.

La Ville de Paris organise et subventionne une nouvelle rencontre entre monde marchand, investisseurs et start-up.
Le jeudi 21 mars 2019, ce sera la 5ème édition du Hacking de l’Hôtel de Ville et, déjà, ça sent fort l'esprit Start-up nation.

Le programme est ici.  On y trouvera : des startupers, des experts, des investisseurs, des grands groupes, des jeunes plein d'ambition qui font de l'argent sur du rien. Du rien, oui : sans rien produire d'utile, rien qui se mange, qui se lit, qui épanouit, qui protège. Seulement du spectacle, du divertissement, avec son cortège de pollution et de croissance incontrôlées.
Il y aura aussi quelques agents de la ville présents pour accompagner ça (est-ce le rôle de la Fonction publique territoriale ?). Ce sera un sommet de l'économie néolibérale pour réinventer Paris (c'est le nom d'un réel appel à projets), c'est-à-dire pour une ville de Paris embourgeoisée et gentrifiée.

La com' de la ville adopte un langage dénué de sens : "Venez échanger, brainstormer et travailler entre 2 RV" (...) "Ce rassemblement des professionnels de l'innovation permettra de construire des collaborations et de déceler les innovations de demain." "Toutes les 15 min, le gong retentira pour vous permettre de participer à un ou plusieurs des 3 500 rendez-vous d’affaires pré-qualifiés de la journée. L’occasion idéale d'étoffer son carnet d’adresses et de rencontrer de futurs partenaires lors de ce speed-dating à grande échelle."

Le dispositif est clair, il s'agit surtout de créer son réseau, de créer sa boîte, de faire du fast-fric (oui, moi aussi j'ai le droit d'inventer un concept). Les arguments d'innovation et de culture tech doivent avant tout rendre ces projets spectaculaires. Et dans le spectacle il faut être attractif : "Startup meetup", "séquence de pitch de startups", "Xperiment Show, Workshop", "Newsroom & Plateau TV", "découverte d'écosystèmes", "défis de la civic-tec", "enjeux de croissance", "des expériences immersives", etc.

Tout le vocabulaire de la novlangue libérale est là. (Lire le précédent article : La novlangue néolibérale, langue de la start-up nation)


On craint l'opération séduction : un bel enrobage, un vocabulaire tech, des concepts geeks hors-sol, avec pour seule finalité de développer le goût du business capitaliste et l'entre-soi. Et le fait que parmi les mantras figurent des mots comme "développement durable" et "alimentation" n'y changera pas grand-chose : l'ambition n'est sans doute ni sociale, ni démocratique, ni écologique.

Alors on a des questions :
L'équipe dirigeante de Paris cède-t-elle encore à l'illusion de retombées économiques ? Veut-elle attirer les jeunes en période pré-électorale ? Quelle est la finalité de tout cela ? produire "de l'innovation" ? "découvrir des solutions et des opportunités" ? Est-ce que tout cela est budgétisé ?

Pour finir : la ville de Paris, qui se targue de parité et de représentativité, présente ses têtes d'affiche. Vous allez penser que j'ai la critique facile, mais une gêne m'envahit.