10 avril 2009

"Si c'est un homme", de Primo Levi : Les parias

Primo Levi, en février 1944, est déporté dans un camp de travail, avec d'autres hommes qui, après avoir été séparés de leurs familles dans les conditions que l'on sait, sont réduits à n'être que des esclaves sans avenir et sans vie propre. Juifs, criminels, marginaux, gens du voyage, Grecs, Italiens, Polonais, Français, ils se retrouvent égaux dans le fond du fond.
Des travailleurs civils, parqués à part, les côtoient parfois, clandestinement ; mais ceux-ci constituent une caste plus "élevée", mieux traitée, de travailleurs du camp.


Primo Levi écrit :
"... pour les civils, nous sommes des parias. Plus ou moins explicitement, et avec toutes nuances qui vont du mépris à la commisération, les civils se disent que, pour avoir été condamnés à une telle vie, pour en être réduits à de telles conditions, il faut que nous soyons souillés de quelque faute mystérieuse et irréparable. Ils nous entendent parler dans toutes sortes de langues qu'ils ne comprennent pas et qui leur semblent aussi grotesques que des cris d'animaux. Ils nous voient ignoblement asservis, sans cheveux, sans honneur et sans nom, chaque jour battus, chaque jour plus abjects, et jamais ils ne voient dans nos yeux le moindre signe de rébellion, ou de paix, ou de foi. Ils nous connaissent chapardeurs et sournois, boueux, loqueteux et faméliques, et, prenant l'effet pour la cause, nous jugent dignes de notre abjection. Qui pourrait distinguer nos visages les uns des autres ? Pour eux, nous sommes "Kazett", neutre singulier."

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Ce passage m'a semblé révélateur du regard qu'on peut avoir sur certaines populations.

Je parle d'une association d'idée, car il n'est évidemment pas question de comparer l'incomparable. En effet aucune catégorie de population, en France, ne connaît aujourd'hui ce qu'ont vécu ces détenus à exterminer.

Mais le prolongement actuel de ce texte est évident ; pensons au regard qu'on porte si facilement sur des gens dont nous ignorons tout, des gens qui vivent souvent relégués dans les marges de la société. Je parle des communautés à qui les pouvoirs publics ne s'adressent jamais, ceux qui vivent dans l'ombre. Je parle de gens qui vivent dans la méfiance et la défiance vis-à-vis des "honnêtes gens", hors du coup, qui ne se sentent plus vraiment concernés par la vie publique, désemparés au point d'adopter des voies illégales de subsistance. Exilés, marginaux, étrangers, miséreux, drogués... Je parle de "ceux qui gênent", des gens qui se font juger sans qu'on les connaisse, qui se font arrêter, emprisonner pour des délits mineurs ou pas de délit du tout, en raison du statut de marginal dont ils sont revêtus.
Je parle de tous ceux qui qui constituent un stock pratique de boucs-émissaires, et sur qui nous pouvons reporter nos colères quand nos vies ne vont pas de soi.

"Ils se ressemblent tous" ; "Ils ne veulent qu'une chose...", "Ils pensent, ils vivent comme ça". "Ils" impersonnel et généralisant. N'est-ce pas comme cela que parlent de nombreux concitoyens à propos de ceux qu'ils ne connaissent que de l'extérieur, par la télé par exemple ?

Bref, ce que j'ai lu dans ce passage, c'est tout le mépris dont on peut êtrecapable quand on regarde une communauté grouiller dans la misère (et souvent, par voie de conséquence, la violence). Car il est bien facile de "prendre l'effet pour la cause", comme dit Levi. C'est-à-dire : croire que l'état de déshumanisation ou de aliénation de certaines populations n'est que ce qu'elles méritent.

évite les tonne de pubs dans ta boîte aux lettres.

POUR CEUX QUI RAGENT DE RECEVOIR DES TAS DE PUBS dans leurs boîtes aux lettres, de brochures, même parfois en papier glacé, de catalogues exhaustifs des supermarchés….
Oui, c’est parasitant et polluant : il faut savoir qu’en France sont distribués un million de tonnes de prospectus par an : ça représente 150 millions d'euros en dépenses, que les publicitaires espèrent éponger par l’attrait des produits proposés.

Apposer un sticker "pas de pub ici"sur la boîte est relativement efficace, on peut trouver ces petits stickers verts dans les mairies.

Mais pour enrayer réellement le phénomène de cette pollution écologique (et visuelle), je pratique un truc facile et jouissif.
Mettez un tas de pubs dans une enveloppe, que vous adressez à l’un des diffuseurs des pubs (ils indiquent souvent leurs adresses). Vous pouvez glisser un message bien senti, de ce que vous pensez d'eux. NE PAS AFFRANCHIR : l'enveloppe part vers les distributeurs, ils sont obligés de payer l’affranchissement s’ils veulent connaître le contenu de l’enveloppe.
Le seul investissement c’est les enveloppes. Bon.

Vous pouvez préciser l'expéditeur à l’arrière, ou bien ne pas le faire, ou bien en inventer, tout ça est légal. Si Century 21, Pizza Hut ou Auchan reçoient en masse leurs boniments en retour, ça risque de les calmer : leurs opérations leur coûtera pas mal de sous et de volées de bois vert.

Et passez le message, car ce genre de trucs n’a d’intérêts que si plein de gens le font…