22 octobre 2010

les flics casseurs pour dégonfler les manifs

"Des flics casseurs... des policiers casseurs dans les manifs... non, le pouvoir ne tolèrerait pas une chose pareille". En effet, c'est tellement choquant qu'on n'ose l'admettre.

J'ai reçu une vidéo montrant des casseurs qui semblaient être des policiers, diffusée par le magasine indépendant "le Post". Leurs réactions face aux manifestants, leur organisation, leur accoutrement, leur attitude, leurs matraques, faisaient bien penser à des flics. Mais la vidéo, montrant ces heurts dans la manif parisienne du 16 octobre, est cahotique, floue et pas suffisamment probante.
Ma chérie m'a affirmé que non, les flics qui viennent dans les manifs, ça tient du fantasme, que cela se saurait, et que j'avais tendance à affabuler. Certes, on peut attendre ce genre de choses d'un paranoïaque de mon espèce, mais ce que j'ai vu, vécu moi-même, concorde trop bien avec ce que m'ont rapporté d'autres militants, plus vieux que moi, et qui ont vécu des mouvements sociaux depuis 1968. Les forces de l'ordre qui viendraient faire "dérailler" les manifs et jeter le discrédit sur des luttes supposées violentes, ce n'est pas nouveau.
Est-ce une méthode pour que les médias ne se fassent plus l'écho des raisons de la colère, mais seulement des dégradations des vilains citoyens ? La question mérite d'être posée.

J'ai répondu à ma chérie qu'il suffirait d'aller pêcher des infos dans la presse pour prouver ce phénomène de flics casseurs ; je suis allé voir moi-même.
J'ai trouvé bien peu de chose.
Un article du Canard enchaîné (rapporté par le Figaro notamment !), des diffusions à l'étranger, ou dans les médias indépendants
Et des témoignages, des témoignages et encore de ces témoignages individuels dont la presse ne se fait pas l'écho.

Et un buzz se forme à partir de la vidéo dont je parlais au début, et parfois, des "experts" donnent leur avis. Mais pourquoi maintenant, pourquoi seulement maintenant ?

Alors, espérant que les médias aient les corones d'en parler clairement, en cherchant des preuves et sans le souci de froisser le pouvoir... j'apporte mon témoignage.


En 2005 à Paris, en plein marasme place de la république : un jeune type encagoulé qui tapait avec une barre sur une voiture et menaçait les manifestants, en restant à l'écart… les flics se sont rués vers lui, vraisemblablement pour l’arrêter, le mettant au sol… puis, quand les manifestants s’étaient écartés, le type encagoulé se relevait et rejoignait les rangs des flics en uniforme, tapes dans l’épaule. Pas nouveau, les casseurs-flics qui décrédibilisent les manifs pour qu’on parle davantage des casseurs-à-cagoules que des raisons de la colère.

Ce que j’ai déjà vu, aussi il y a quelques années, c'est un autre phénomène, celui des flics qui couvrent des casseurs... et m’a davantage marqué : des flics encadrant des bouches de métro ‘place d’italie’ (lieu de départ de la manif) et faisant crépiter les talkies en désignant tel ou tel manifestant.
Moi je rebroussais chemin vers le métro, quittant plus tôt la manif pour aller chercher ma fille. Ce que j’ai vu m’a sidéré :
des hordes de jeunes, ados et pré-adultes de banlieues encapuchonnés, par centaines (!!), qui sortaient en trombe des bouches de métro pour se ruer sur l’arrière des cortèges et agresser les manifestants. Silence radio dans les talkies, aucune réaction de la part des flics. Et les jeunes fondant sur l'arrière du cortège, où je commençais à entendre des hurlements. J’étais tout près des bouches de métro et ils ne s’en sont pas pris à moi. Mais les flics n’ont rien fait, pas un mouvement, rien pour arrêter ça. Le soir les médias ont parlé de casseurs, de vols de portables et de manifestants agressés, bref de mouvement qui dégénère.

De là à parler d’ententes entre bandes sous-prolétariennes et police pour foutre du bordel (et peu de discrédit) sur les manifs, il n’y a qu’un coup de tonfa.