Pourtant, les représentations des noirs, dans la pub et la
com’, restent très codifiées. La coupe afro est, désormais, à peu près acquise dans la sphère médiatique et publicitaire. Or depuis quelques années, je constate qu'elle est devenue une norme de représentation des noirs
dans la sphère marchande... et que cette norme révèle des stéréotypes sans doute hérités du colonialisme.
* * * * *
Les années 50 et 60 ont vu naître les mouvements pour les
droits civiques, en même temps que la culture populaire des communautés noires
américaines : soul, Blaxploitation, littérature. La coupe
afro, sous ses multiples variantes, s'est imposée pour affirmer les
origines africaines et la rupture avec les conventions imposées par le monde
blanc. L’afro était un signe politique avant tout, comme l'explique Lisa Akinyi May. Et aujourd’hui ?
La coupe afro est
soluble dans le capitalisme.
Aujourd’hui, le monde marchand (pub, com’, mode, industries
culturelles) prend soin d’afficher une image de diversité culturelle : les
gens issus de l’immigration sont aussi des consommateurs, comme le remarque le blogueur Cyclone Wolfok :
« La minorité visible qu’est
l’afro-descendance en France fait partie désormais des publics cibles et sa
représentativité en politique comme en télévision augmente elle aussi. Elle
élit et elle consomme comme tout le monde... ». Mais comment montrer,
dans la pub, celles et ceux que le baromètre annuel du CSA sur la diversité à la télé appelle les « personnes perçues comme non blanches » ? Comment les
montrer sans donner dans le United Colors de Benetton — et sans froisser ce
public frileux pour qui les « personnes de couleur » sont encore
associées à l’étrangeté et au danger ? Comme l'ont écrit Kidi Bebey et Alex Ndiaye à
l’adresse des journalistes, « il
faut en finir avec les images d’Épinal. Les Africains ne sont pas tous des
broussards perdus en ville, des analphabètes accros au football, des femmes
subissant la polygamie(...). Ils achètent des gadgets technologiques pour
épater les copains et ont parfois du mal, comme tout le monde, à rembourser
leurs crédits revolving... ». Les pubards ont enfin compris qu’on ne
peut plus représenter les noirs comme il y a 30 ans, mais sous l’aspect
rassurant des consommateurs modèles.
Et la coupe afro là-dedans ? Alors
que, dans l'imaginaire collectif, elle reste un signe de révolte politique incarnée par Angela Davis, elle est
généralisée aujourd’hui pour représenter le glamour et le cool. Comme chez
"Domino", l’héroïne Marvel aux côtés de Deadpool dans sa version
cinéma (qui est blanche dans la version BD), ou chez Solange Knowles,
chanteuse et mannequin.
L'afro est devenue l’expression d’une intégration à
la société consumériste par la musique et la mode ; elle évoque l’audace,
la séduction, le groove, la nature humaine indomptée, et tout ça est très vendeur.
En France, Inna Modja, chanteuse pop
world-afro-soul et égérie publicitaire, incarne parfaitement cette
tendance. Comme Nneka ou Ayo, chanteuses aux « origines métissées » comme dit le blog Artnoise.
Aujourd’hui on parle aussi de nappy.
Comme souvent quand les minorités se réapproprient le vocabulaire dévalorisant
qui le désignait, le mot péjoratif nappy, qui signifiait "crépu",
est désormais perçu comme une contraction de natural & happy. Le concept nappy a accompagné le développement du l’ethnomarketing destiné aux nappy
girls et les défilés de mode
actuels font la part belle aux nappy-mannequins. La presse féminine « noire » et les blogs spécialisés, comme Nappturallity,
ont joué un rôle important pour donner une visibilité aux variantes
d’afro : conseils cosmétiques et mode, adresses, tuto pour les twist-out,
tresses, effets de textures ou carrément big chop. Un salon Nappy days s’est tenu en 2016 — très « fashionista » selon le Monde — et il existe même une appli qui
organise la coiffure à domicile, Nappy me !
En résumé, la coupe afro véhicule aujourd’hui la double
image de la révolte et du consumérisme glamour : une image doublement
attrayante.
Les communicants, qui pensent en termes d’image de marque et
de rentabilité, ont trouvé là une recette idéale : 1. montrer des femmes
noires (parce qu’évidemment elles paraissent moins inquiétantes et plus
séduisantes que les hommes) ; 2. les choisir avec une nappy,
gage d’intégration sociale. C’est pourquoi on voit tant de publicités avec de
beaux noirs et souriants — ou
plutôt de belles noires souriantes, jeunes, modernes, et avec une afro. Et puis, noir... mais pas trop foncé.
Les annonceurs sont en quêtes de ces modèles, pour en
illustrer les magazines de mode et les sites de vente en ligne de
prêt-à-porter.
L’afro dans
le monde marchand : héritage
d’une imagerie coloniale ?
Aujourd’hui, si les noirs sont désormais plus visibles,
c’est surtout dans l’industrie musicale et le secteur sportif, comme le
montrent les études de l’ARPP [3]. Pour les femmes, cette visibilité est
conditionnée à l'afro, signe d'intégration par le consumérisme... Mais
pour les hommes aussi, le monde marchand s’accommode bien de la nappy.
Sans doute parce que ça fait sympa.
Certains artistes en France ont d'ailleurs adopté cet
artifice.
Publicités
pour Gap, Galeries Lafayette, Asus,
La Halle aux vêtements, Wall Street institute
|
Ensuite, l'usage du motif "coupe afro" dans la sphère marchande est soumis à des variantes, selon les thèmes, le message et le public-cible. Il n'y a pas de données statistiques à ce sujet bien sûr, et je ne vais pas entrer dans le détail, mais des tendances se dégagent fortement :
- L’opinion et les concepteurs de campagnes sont toujours
plus permissifs avec les hommes. Ceux-ci, par leur présence dans le monde du
foot ou du hip-hop, ont pu imposer des apparences plus variées : boule à
Z, crête, twist out ou tresses,
brosse, décoloration, etc., y compris dans la pub.
- Les entreprises qui permettent aux résidents en France de
téléphoner à l'étranger ou d'envoyer de l'argent "au pays" ont un
traitement publicitaire particulier. Western Union, par exemple, offre une
vision stéréotypée des noirs : afro pour les femmes,
couvre-chef pour les hommes, peau claire pour tous.
|
|
- On note aussi comment les marques conçoivent la
mixité ; un homme blanc, s'il est en couple mixte, aura pour partenaire une noire, mais avec
une afro.
|
- Enfin, lorsqu'une publicité généraliste veut refléter la
jeunesse et la diversité, on verra plusieurs visages dont celui d'une femme
avec une afro.
La dernière campagne glanée ces jours-ci, celle d'Aides pour faire connaître l'usage de la PREP, n'échappe pas à la règle.
Dans l'immédiat, la
maîtrise des médias permet de se libérer des stéréotypes et de s'afficher enfin
dans toute sa diversité. Pour les noirs, cette diversité s'exprime notamment
dans des médias « communautaires » comme la revue Negus (mag militant
destinée à la « diaspora »), dans la boutique
de mode N&F (Noir & Fier), ou les pages « mode et
beauté » du
site NOFI. Aujourd’hui encore, ce sont les noires qui feront changer le
regard qu’on pose sur eux.
La lutte globale contre les rapports de domination est mieux saisie par les mouvements d'émancipation sociale, souvent libertaires et anti-coloniaux. Ces mouvements s'opposent à de multiples formes de domination : économique, culturelle, sexuelle, genrée, sociale, religieuse, ethnique... Les courants afro-féministes sont actuellement au coeur des progrès à venir car ils remettent en cause les dominations liées au sexe et à la couleur de peau. Certaines afro-féministes s'organisent entre elles, remettent au goût du jour les rencontres non-mixtes et les moyens de l'auto-défense.
On pourrait penser que
cet usage de la coupe afro dans les médias est un progrès ; il n’en est
rien.
J'interroge Kemi Adekoya, étudiante à Sciences Po et membre de Sciences Curls, sur la façon dont le
monde marchand représente les noirs et les femmes en particulier, et sur
l’omniprésence de la coupe afro. Sa réponse exprime son exaspération :
« Les représentations de femmes dans la publicité et les médias
sont d'un autre monde, d'un autre âge. La situation est critique car tous les
coups sont permis. : sexisme, misogynie, grossophobie, racisme et j'en passe.
C'est alarmant et pourtant peu de personnes sont alarmées. (...) L'ère
médiatique actuelle me met hors de moi, en tant que personne noire car il est
très difficile de se sentir représenté dans les médias et/ou ciblé dans les
campagnes publicitaires. Car quand elles ne sont ni sexistes, ni misogynes,
elles sont tout simplement adressées à des personnes blanches, niant totalement
l'existence des personnes racisées. »
« L'omniprésence de la boule afro est la preuve d'un
manque d'intérêt, de curiosité et surtout d'hypocrisie latente de la part des
médias. L'afro est devenu le symbole ultime de la représentation des femmes
noirs. (...) Il y a d'autres coiffures, portées par les femmes noires, qui nous
représentent tout aussi bien. Mais il y a dans le port de l'afro ce que les
médias traditionnels appellent les "tendances", il est voyant, peu
connu/compris (parfois par mépris) des personnes blanches. »
Pour Kemi Adekoya, le port de
l’afro « fait office d'introduction à la
non-blanchité. C'est dommage car toutes les femmes noires ne portent pas d'afro
et même s'il est bien d'en voir plus, il est dommage de ne voir QUE ça. »
La surexposition de la nappy révèle des décalages entre l’imagerie
du monde marchand et la réalité des femmes noires.
Le premier décalage
se joue entre les choix capillaires réels des femmes noires et leur
représentation dans la sphère marchande. La norme implicite utilisée par les
publicitaires consiste à montrer des femmes noires (et souvent à la peau
claire, mais c’est là une autre forme de normalisation, et un autre sujet)
portant une afro.
Mais hors-pub, hors-champ, c'est-à-dire dans la réalité, que voit-on ? la grande majorité des afro-descendantes, d’origines et de cultures diverses, portent des cheveux crêpés, lissés, rasés, colorés, avec des effets texturés, des tresses, des rajouts, des perruques. Et si l’on fait un tour dans le monde du travail (une administration, un service commercial ou l’hôtellerie), on trouve d'ailleurs peu de femmes portant l’afro. Quand Rokhaya Diallo (auteure d’un ouvrage sur les parcours personnels et capillaires d’afro-descendants) affirme : « il y a comme une norme invisible qui est le cheveu lisse », elle rappelle à quel point le cheveux lisse est associée à « l'idée de sérieux » dans les secteurs où le cheveu naturel est mal toléré.
Mais hors-pub, hors-champ, c'est-à-dire dans la réalité, que voit-on ? la grande majorité des afro-descendantes, d’origines et de cultures diverses, portent des cheveux crêpés, lissés, rasés, colorés, avec des effets texturés, des tresses, des rajouts, des perruques. Et si l’on fait un tour dans le monde du travail (une administration, un service commercial ou l’hôtellerie), on trouve d'ailleurs peu de femmes portant l’afro. Quand Rokhaya Diallo (auteure d’un ouvrage sur les parcours personnels et capillaires d’afro-descendants) affirme : « il y a comme une norme invisible qui est le cheveu lisse », elle rappelle à quel point le cheveux lisse est associée à « l'idée de sérieux » dans les secteurs où le cheveu naturel est mal toléré.
Mais alors, si la
musique et le sport s’accommodent si bien de la nappy,
est-ce parce que « l’idée de sérieux » n’est pas exigée dans ces
secteurs ?
Autre
décalage, de statut social et de genre, celui-là. Que voit-on sur les photos
des équipes dirigeantes d’entreprises ? des blancs, souvent exclusivement. Les
femmes noires n’en font pas partie. Les femmes noires ne font qu'incarner
l'image de l'entreprise. Le rôle des nappy-girls se limite à illustrer des campagnes de
com', où elles incarnent des fashion-victims, des conseillères téléphoniques,
des clientes d’assurances, des demandeuses d’emploi, des étudiantes. C'est d'ailleurs ce qu'incarne parfaitement Stefi
Celma, qui, dans la série Dix pour
cent, joue l’hôtesse d’accueil
d'une agence de pub et tente sa chance dans la chanson.
|
casting de la série Dix pour cent - France2 |
Pourquoi ces décalages ?
Le monde marchand perpétue l’image du noir comme d’un être
instinctif, physique et enfantin, qui a « le cœur à la fête » et
« le rythme dans la peau ». Yann Le Bihan, dans Femme
noire en image, pointe ce que
les représentations des femmes noires véhiculent : « la physicalité
et la sexualité animale » [4] —
qui ont trouvé de nombreuses incarnations depuis Grace Jones sous l’œil de
Jean-Paul Goude.
Rosalie Begalla, dans L'image
de l'individu noir dans la publicité, définit les stéréotypes comme « une façon que l’homme a de se rassurer en
classant les choses, les objets, les concepts sur la base de similitudes ».
Or justement, l’image
du noir instinctif et extraverti rassure les concepteurs de pubs, les dirigeants
d'entreprises et d'industries culturelles : car c’est aussi l’image d’un être
glamour dans sa rébellion et impulsif dans son consumérisme.
publicité pour la FNAC, 2018 |
|
Ces représentations
révèlent une forme de
condescendance (sans doute inconsciente) des communicants blancs sur le monde
noir : Le sérieux est dévolu aux blancs, les noirs évoquant l’amusement,
le sport et le réflexe de l’achat.
De fait, dans la vraie
vie, les noirs sont encore nombreux à exprimer leur difficulté de faire
admettre le fait qu’ils sont entrepreneurs, metteurs en scène, médecins ou
intellectuels [5]. Une
difficulté sans doute accentuée par les caricatures. Car, certes, l’époque du
« Y’a bon Banania » est
heureusement révolue, mais en usant systématiquement de stéréotypes, le
monde marchand perpétue une imagerie coloniale — même si plus furtive et moins
offensante qu’auparavant.
Par ailleurs, on sait
que les rapports entre différents groupes, et notamment entre les noirs et les
blancs, sont souvent teintés de fascination, de rejet, de désir et de
culpabilité. Certains blancs peuvent trouver valorisant de fréquenter des
noirs, de leur ressembler, et en ont parfois une perception fantasmée. Une
"attraction-répulsion" trouble que décrivent les écrivains américains Chester Himes
décrivait dans plusieurs romans depuis les années 1940 (If He Hollers, Let Him Go, 1945 ; Lonely
Crusade, 1947), mais aussi Toni Morrison, et aujourd'hui Paul Beatty (Moi contre les Etats-Unis d'Amérique, 2015 ; Tuff, 2018). Cette sorte de
fascination entre blancs et noirs, à double-sens d'ailleurs, est ambivalente. Le rappeur Earthgang
chantait d'ailleurs : « everybody
wanna be a nigger / but nobody wanna be a nigger » (« Tout
le monde veut être un noir / mais personne ne veut être un noir »).
Amandine Gay, réalisatrice d’un important documentaire, Ouvrir la voix, le dit sans détour : « C’est cool de
s’approprier la culture noire funky, mais, à la fin de la journée, ce sont
les hommes noirs qui se font tirer dessus dans la rue. Personne n’a envie de
vivre dans la peau d’une personne noire. »
Les concepteurs
d'affiches de festivals, les graphistes pour le prêt-à-porter, etc., usent eux
aussi du code "femme à coupe afro", pour "donner le ton".
En tant que motif graphique, il a l'avantage de ne représenter personne en
particulier, mais de représenter un style, un état d'esprit. Le fait de porter
un t-shirt avec un visage noir pourrait même être un manifeste en soi.
Livre Black music, par Hervé Bourhis et Brüno, 2017. Flyer, 2016. Affiches : bal de l'Afrique enchantée, 2017 ; M, l'aventure malienne, 2017 ; expo La science dans ma vie, Cité des sciences et de l'industrie, 2012 ; Black summer, 2016 ; Banlieues bleues, 2018 ; Solidays, 2018 ; Live Soul, 2016 ; Tourcoing festival Jazz, 2015 ; Paris New York Heritage Festival, 2017 ; Natural hair academy, 2016. Affiche concue par Noe Two pour Sennheiser, 2014. Et quelques t-shirts : Mind Harvest, Prada, Loc Star Revolution |
Visuel des groupes Enneri Blaka et Aeon the Ace ; travaux graphiques. |
Là aussi, la recette
est attractive au point d'être systématique. L’artiste Noe Two, qui
compose des visages de femmes noires à la texture afro parsemée de tags, en a
même fait un motif graphique commercialisé.
L’ironie ultime :
cette fascination pour la double symbolique de la coupe afro se retrouve même,
parfois, chez des personnes qui veulent valoriser la condition des noirs : et
tout en s'élevant contre les discriminations ethniques, ces graphistes ont
intégré les stéréotypes du black rebel. C'est ainsi que la coupe
afro orne les pochettes de disques, graffs, affiches, t-shirts.
On perçoit bien qu’un
t-shirt ou une affiche avec le simple visage d’un européen, ou d’un asiatique,
exprimerait autre chose... Il semble qu'en occident, le visage d’une noire avec
afro, en tant que représentation collective, reste plus impersonnel et plus
symbolique qu’un autre visage.
Réjane Pacquit,
également étudiante à Sciences Po et membre de Sciences
Curls, répondait
dans les Inrockuptibles : « ce
n'est pas le cheveu en lui-même, le problème, c'est ce dont il est le signal », dans la mesure où il révèle le
regard de la société et permet d’aborder les questions «
de discriminations, d’agressions et de désamour de soi. ». « Nos cheveux sont
politiques » : c’est d’ailleurs le nom d’un atelier organisé par Sciences Curls, et chroniqué sur
le blog Observatoire des genres.
|
S’affranchir des images fantasmées.
Il reste à démystifier
cette coupe afro qui n’est qu’un choix capillaire. Les choses changent vite. La
mode, l’industrie musicale, les clips Youtube, qui touchent un public immense,
y contribuent beaucoup. Mais ce sont les outils du capitalisme qui, utilisés
par et pour une minorité, parviennent à changer les représentations de ladite
minorité. Il n'est pas ici question de combat global contre les discriminations
et contre les rapports de dominations, mais d'un effort pour la visibilité,
liée à une condition : être noir dans un monde dominé par les blancs.
Pub pour NoFi, parue dans la revue Negus, N°3 |
La lutte globale contre les rapports de domination est mieux saisie par les mouvements d'émancipation sociale, souvent libertaires et anti-coloniaux. Ces mouvements s'opposent à de multiples formes de domination : économique, culturelle, sexuelle, genrée, sociale, religieuse, ethnique... Les courants afro-féministes sont actuellement au coeur des progrès à venir car ils remettent en cause les dominations liées au sexe et à la couleur de peau. Certaines afro-féministes s'organisent entre elles, remettent au goût du jour les rencontres non-mixtes et les moyens de l'auto-défense.
La lutte contre les
préjugés est sans fin, puisque les victimes des préjugés varient au gré des
lieux et des époques. Aujourd’hui, d’autres groupes ethniques, d’Europe du
sud-est, d'Asie du Sud-Est, du Proche-orient ou de la corne de l’Afrique, sont
exclus du monde marchand. Et d’autres minorités, avec des handicaps, des
physionomies particulières, des orientations sexuelles, des traumas
particuliers, sont reléguées à l’invisibilité ou à des représentations
archi-normées. Attendre que les pouvoirs en place daignent améliorer le sort des
victimes est illusoire. La reconnaissance se conquiert par l’autogestion,
l’appropriation des moyens d’expression, et en imposant le partage du pouvoir.
Bibliographie et sites web
Les cheveux africains : un symbole politique, par Lisa Akinyi Mayhttps://www.mo.be/fr/analyse/les-cheveux-africains-un-symbole-politique Petit précis à l’usage des journalistes qui veulent écrire sur «les noirs», par Kidi Bebey et Alex Ndiayehttp://www.slateafrique.com/82143/petit-precis-l’usage-des-journalistes-ecrire-noirs-racisme Ayo et nneka deux artistes aux destins croiséshttp://artnnoise.blogspot.com/2011/04/ayo-et-nneka-deux-artistes-aux-destins.html Egéries de l’Afropéenne-Descendance et Publicité et Journalisme, par Cyclone Wolfok. https://polyglottrotter.com/2017/04/27/egeries-de-lafro-descendance-et-publicite/ Les tendances du marché des cosmétiques afro, par Marion Braizazhttp://www.womenology.fr/secteurs/les-tendances-du-marche-des-cosmetiques-afro/ Femmes noires sur papier glacé, par Virginie Sassoon :http://www.inatheque.fr/publications-evenements/publications-2015/femmes-noires-sur-papier-glac-.html Sur le mouvement nappy : http://www.lemonde.fr/societe/article/2015/02/05/crepues-et-fieres-de-l-etre_4570832_3224.html Nappturality.com : https://www.nappturality.com/ Que reste-t-il des nappy girls ?http://www.lemonde.fr/afrique/article/2016/03/17/que-reste-t-il-des-nappy-girls_4885011_3212.html Une anthropologie de la beauté, par Par Sophie Marchand, 2015.http://www.nova.fr/novamag/43987/une-anthropologie-de-la-beaute Résultats de la vague 2017 du « baromètre de la diversité », sur le site web du CSA :http://www.csa.fr/Etudes-et-publications/Les-observatoires/L-observatoire-de-la-diversite/Les-resultats-de-la-vague-2017-du-barometre-de-la-diversite Astuces pour la pousse des cheveux, sur le site NOFI :https://nofi.fr/2016/01/astuce-pour-la-pousse-des-cheveux-2-faire-des-coiffures-protectrices/26609 Afro, livre de Rokhaya Diallo : http://www.arenes.fr/livre/afro/ http://www.lesinrocks.com/2015/11/07/style/rokhaya-diallo-decrypte-la-coupe-afro-on-a-le-droit-detre-noir-jusquau-bout-11837089/ l'appli NappyMe : http://lnodq.fr/2016/01/nappy-me-lapplication-qui-revolutionne-la-beaute-des-cheveux-afros/ La coupe afro trouve sa place dans la presse féminine : http://www.femmeactuelle.fr/beaute/coiffure/astuces-cheveux/cheveux-afro-les-bons-soins-a-la-maison-15476 La polémique qui a suivi la coupe afro d'Omar Sy : https://www.huffingtonpost.fr/2015/04/17/omar-sy-coupe-afro-photos-article-voici-racisme-photos-twitter_n_7086078.html Nos cheveux sont politiques (et autres résidus post-coloniaux): https://observatoiredesgenres.wordpress.com/2017/08/10/nos-cheveux-sont-politiques-et-autres-residus-post-coloniaux/ Etudes de 2005, 2007, 2009 de l’APPR, sur les représentation des minorités ethniques dans la publicité : https://www.arpp.org/actualite/bilan-publicite-et-diversite-2007/ Bilan 2008 de l’APPR, « Vers une meilleure intégration de la diversité dans la publicité » : http://www.arpp.org/actualite/vers-une-meilleure-integration-de/
[1] Je choisis de dire « noir », et pas Afro-américain, ni descendant d'Afrique, ni black, etc. Et pas non plus « les noir.e.s » ou « les noires et les noirs » . Je choisis de dire « les noirs » : les personnes perçues qui sont perçues et qui se vivent comme noires, et appartenant à cette catégorie sociale. C'est aussi le terme que le Conseil représentatif des associations noires de France choisit d'utiliser, tout comme de nombreuses structures de défense des droits des minorités. Aucun terme n’est idéal et global, l'important est de choisir un terme qui est réaliste sans être réducteur.
[2] Pour Kader Attia, « la grande problématique des descendants des travailleurs immigrés est le temps qu’il aura fallu pour devenir visibles dans les médias, la politique et les arts ». A lire dans les Inrockuptibles, 22/05/2018
[3] Une étude de l'ARPP montrait en 2006 que si le taux de « modèles issus des minorités visibles » augmentaient sensiblement dans le champ de la pub, ils restaient plus nombreux dans les pubs pour la musique et le sport. Le bilan de l’ARPP de 2008 va dans le même sens, et précise : « Deux secteurs se détachent très nettement, qui rassemblent à eux seuls environ 29% des visuels représentant des personnages « non-blancs » : le sport et la musique. »
[4] « l’utilisation médiatique de l’image de la « femme noire », objet traditionnel d’un double sentiment d’inquiétude et de fascination » : « Les stéréotypes coloniaux dont elle est la cible, sont-ils encore aujourd’hui véhiculés dans la presse ? Et dans quelle mesure cette transmission est-elle dissimulée et non consciente. En quoi constitue-t-elle une discrimination ? » « Comparées aux hommes, la plus grande visibilité corporelle des femmes (...) vient renforcer les stéréotypes naturalisants qui réduisent la féminité à une physicalité. (...) Mais la racialisation vient redoubler la représentation de la physicalité féminine : l’exposition médiatique des corps de Noires mobilise les traditionnels clichés coloniaux de leur primitivité et de leur animale sexualité, autrement dit les stéréotypes d’une extrême naturalité. »— Femme noire en image - Racisme et sexisme dans la presse française actuelle, de Yann Le Bihan, L’Harmattan, 2007
[5] Il faut dire que le racisme est coriace en France. On se souvient du magazine Voici du 10 Avril 2015, où l’on pouvait lire qu'Omar Sy, portant une coupe afro dans un film, avait « une coupe assez terrifiante » ou une « coupe à la grimace qui devrait faire rire les petits nenfants ». Le plus terrifiant était d’avoir publié cela. On se rassure, de tels propos insultants ne passent plus inaperçus désormais, et plusieurs personnalités les avaient dénoncés. Le racisme latent, implicite, qui se planque derrière l’humour bravache, n’en reste pas moins violent. Ya du boulot.
Bonjour, je suis R.Begalla, vous m'avez citée dans votre article, pourriez-vous me contacter svp? via linkedin ou autre. merci.
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