2 novembre 2010

deux beaux délits d'initiés

dans la catégorie délits d'initiés, j'ai eu deux nouvelles qui méritent d'être largement relayées, tellement elles ont d'impact sur l'évolution de nos sociétés, et si peu de relai dans les médias.

D'abord, à propos de quelques entreprise françaises multinationale et de leur rapport avec l'écologie (la vraie, pas le développement durable et son industrie). Le réseau Climate Action Network Europe a publié en octobre un rapport qui nous apprend que plusieurs entreprises européennes, dont GDF-Suez et Lafarge, versent de l’argent aux sénateurs américains qui s'opposent aux actins écologistes. En clair, elles font du lobbying pour pouvoir polluer dans le monde entier.
Lire l'info sur ReporTerre

Autre révélation, encore moins relayée, c'est le scandale "Vuitton au musée Carnavalet" : le but de cette opération publicitai... pardon, de cette expo, est de présenter la société sous un vernis de mensonges et en gommant tout ce qu'il y a de trop embarrassant dans l'histoire de la société, dans les liens étroits entre l'entreprise et le pouvoir... Une illustration de l'oligarchie française.

Bonne lecture !

1 novembre 2010

les Indigènes "négro-musulmans" de la république ??

A voir : l'appel pour la marche 2011 du Parti des Indigènes de la République.

Ben zut. Moi qui croyait qu'un mouvement comme les Indigènes de la république pourraient au moins se faire les porte-parole de TOUTES les minorités, qui pourraient représenter les immigrés sud-américains, sri-lankais ou cambogiens, avec autant d'énergie qu'il défend les musulmans et les "renois"...
Dans leur dernier appel pour la marche 2011 des Indigènes, c'est clair : "Rebeus, Renois", tous solidaires, "contre l'islamophobie et la négrophobie". On ne trouve aucune dénonciation du "racisme", ni même de la discrimination sociale.

Concernant les Indigènes, en fait, je n'ai plus d'illusions depuis longtemps. On connaît leurs positions "pour un Islam progressiste et populaire", sans jamais qu'ils remettent en question les institutions religieuses, sans jamais qu'ils parlent d'émancipation sociale par d'autres concepts de ceux de "nations" (nation noire, nation religieuses - on connaît le danger qu'il y a à défendre des nations, françaises ou autres). J'ai déjà constaté les amalgames qu'ils opèrent entre : Français, blancs, non-musulmans, élus, nantis... tous ligués contre les immigrés.

Ils se plaçent "contre", sans dire avec quoi ils sont "pour". On sait qu'ils se définissent, non pas par des revendications d'émancipation, d'accès au savoir, démocratiques, mais par leurs identités, ethniques et religieuses.... ce qui les enferme dans un combat ethnique. Mais je ne pensais pas qu'ils ne se faisaient les représentants que des Noirs et des Rebeus... Dommage. Au début de leur aventure, certains des Indigènes avaient un discours plus riche et plus percutant face à l'Etat capitaliste, néo-colonialiste et policier.

Ce que je vois aujourd'hui, c'est aussi qu'ils ont expulsé de leurs textes toute revendication purement sociale : il ne s'agit ni de s'approprier les richesses qui devraient leur revenir, à eux comme à tout le monde, ni de prendre part à l'appareil démocratique. Il ne s'agit surtout pas de défendre une émancipation sociale, ni de mettre à bas le capitalisme... mais seulement de mettre à bas le colonialisme actuel.
Or on ne peut pas séparer la population française actuelle entre colons et colonisés, en la simplifiant à une confrontation entre "dominants judéo-chrétiens" et "dominés négro-musulmans".

Il n'y a pas de religion progressiste, mais seulement des sectes populaires. Eh, les Indigènes, émancipez-vous, démerdez-vous seuls, mais apprenez à sortir des carcans religieux et racistes dont vous vous êtes faits les garants, malgré vous !

31 octobre 2010

Féminité dans la pub : Femmes ouvertes, prêtes à consommer


Aviez-vous déjà remarqué ?

Joyce Jonathan / Higelin ; 2 concerts
Sinik ft Vitaa

TBM: plus suggestif que Très Bon Marché


le mag "Polka"
Pietragalla "la tentation d'Eve"



C'est pourtant presque systématique, sur les affiches de pubs, affiches de concerts, de films, photos de mode, couvertures de journaux féminins... : les femmes posent les lèvres entr'ouvertes, dans une posture d'invitation explicite (ça ne se conçoit pas pour les hommes, qui généralement montrent un visage fermé et une bonne gueule volontaire.)

On sait combien la publicité use d'attraction sexuelle : on se rappelle la pub des années 90, qui disait : "il a une Audi, il aura la femme". Le boulot des publicitaires c'est ça : conférer au produit une charge érotique.

"L'irrépressible 'pulsion consommatrice', ne se suffisant pas des biens matériels, a besoin pour s'assouvir de multiplier à l'infini les 'biens symboliques' ", explique François Brune (*).



Avant la seconde guerre mondiale, on cantonnait les femmes à certains rôles féminins : "la maman" rassurante, fondatrice de foyer. Elle apparaissait sur les affiches de films ou de propagande, docile, aimante et tendre avec ses rejetons. Laborieuse quand elle était prolétaire, fragile dans les classes aisées. Selon la distribution traditionnelle des rôles, les hommes sont des combattants et des maîtres, les femmes sont dans le domaine du sensible.
 Lorenz Kellner, pédagogue allemand, écrivait en 1852 : "Dans le cercle familial c’est le plus souvent la mère, faible, qui défend le principe philanthropique, tandis que le père, dans sa nature abrupte, exige l’obéissance absolue (...) c’est la raison pour laquelle il est à la tête de l’ensemble, et donne à l’esprit qui y préside son orientation".

Depuis les années 1950, les hommes au pouvoir ont proposé des modèles féminins plus sexualisés dans l'iconographie collective : l'allumeuse, l'aguicheuse, le sexe faible mais source de plaisir. On affichait les femmes avec tout un tas d'attitudes pour qu'elles paraissent plus désirable : les lèvres entr'ouvertes comme des poupées disponibles, des objets consommables.
 
Je fais ce constat aujourd'hui, alors que notre société est encore très hétéronormée et patriarcale. Je fais ce constat à une époque où la grande majorité des affiches et des pubs sont encore conçues par des hommes.

mag "Penthouse"
Ces postures de femmes prêtes à consommer, on les retrouve en effet partout, dans les attitudes qu'on exige de la part des hôtesses, des comédiennes, des performeuses porno, des mannequins, quels que soient les fins commerciales... jusqu'aux campagnes de prévention sanitaires !


 

Un cas d'école sur les affiches de cinéma ? On y voit ça : les hommes, en fermant la bouche avec un air arrogant, expriment la détermination, l'arrogance et l'action ; les femmes, en ouvrant les lèvres, expriment la langueur, l'inquiétude, l'émoi, la fragilité.

I. Le Besco filmée par son gardien
"Secret défense"

"the Town"

"Invasion"
James Bond & une "James Bond girl" (seul le modèle change)
 

Le cas extrême : on demande à des petites filles de jouer la langueur sexuelle, sans qu'elles puissent discuter de la signification de ces mises en scène.
 
Ces modèles de femmes prêtes à consommer remplissent l'espace public. Chaque jour on en croise des dizaines, des modèles si banalisés qu'on ne remarque plus ce qui peut être acceptable ou non, et qu'on intègre des normes sans en avoir conscience.
 
façon Christine Lagarde
Les seules femmes qu'on représente de façon moins sexuée (donc en fermant la bouche) sont : les mamans, les mamies ou les conseillères de banque. Celles-là doivent être pro, fiables, pas sexy — sinon ça desservirait la cause. Donc souriez les mamies, mais avec l'air sobre !

Partout ailleurs règne le modèle de la femme "ouverte".


Alors c'est vrai, les mœurs et les mentalités changent. Dans les représentations collectives, on commence à voir des hommes s'occuper des mouflets et des active women à la tête de Veolia.
Mai la publicité a toujours besoin d'objets dérivés du désir, et use toujours d'archétypes sexuels. Le jour où le monde de la pub cessera d'afficher les femmes avec la bouche ouverte, on cessera peu à peu de les réduire à des objets de désirs.


* François Brune, professeur et écrivain, est fondateur du RAP, Résistance à l'agression publicitaire