Qu'en est-il en cette fin d'année 2019 ?
Les coupes afro s'étaient imposées dans le monde occidental des années 60, dans un contexte de racisme structurel violent : il s'agissait de réaffirmer les corps noirs et de rompre avec les conventions imposées par le monde blanc. Alors que ce choix était un signe politique avant tout, comme l'explique Lisa Akinyi May, il s'est aujourd’hui généralisé, dans les médias et dans la pub, pour représenter le glamour et le cool. Quand la philosophe Yala Kisukidi s'entretient en avril dernier avec Assa Traoré, elle affirme : « Dans l'industrie du divertissement, on met toujours en avant une "coolitude" afro qui vend et qui reprend toujours les mêmes clichés : le noir n'est qu'un corps. Et un corps érotisable. Comment être noir sans être piégé par ce corps et toutes les représentations qui le diminuent... ». C'est ce qu'on étudie ici : que si les noirs sont désormais plus visibles, notamment dans la musique et le sport comme le montrent les études de l’ARPP, la visibilité des femmes noires reste conditionnée à l'afro. Cette stratégie iconographique permet aux pubards de véhiculer l'image de la révolte ET du glamour - une incarnation doublement attrayante.
Il suffit d'ouvrir les yeux : presque systématiquement, l'afro désigne les « personnes perçues comme non blanches », comme elles sont appelées dans le baromètre annuel du CSA sur la diversité à la télé.