30 juillet 2017

architecture collaborative : une "animation municipale" pour distraire les badauds.

La ville éphémère, installation d'Olivier Grossetête sur le site de la Villette, à Paris.
Cette installation a attiré les badauds en mal d'activité, qui, avec leurs amants ou leurs enfants, venaient sans trop savoir à quoi s'occuper durant leurs congés. Ils ont d'ailleurs peut-être trouvé l'info sur le site Que Faire à Paris.



Les concepts dont on a habillé ce truc étaient forcément attractifs : "expérience humaine et artistique inédite", "architecture utopique et éphémère". On peut aussi trouver d'autres trucs : projet collaboratif, démarche participative, entreprise interactive et ludique de co-construction, etc.

Avec un copain et nos mômes, on a joint cette "expérience humaine". Une équipe animant le projet nous a proposé de participer à l'édification de constructions faites de blocs de carton. Un animateur nous appelait pour nous regrouper autour d'une structure en carton, "allez allez, on a besoin de tout le monde, regroupez-vous autour de moi !". Nous avons afflué comme à l'appel du crieur, curieux, en attente d'inattendu, de nouveauté, de je-sais-pas-quoi. On s'est placés aux endroits choisis par les animateurs, se préparant à soulever le tout, et 1, 2, 3, ON SOULÈVE ! Vite, d'autres participants ont poussé de nouveaux blocs de carton sous la structure suspendue, on repose, et c'est magnifique, la construction a gagné 1 mètre. Nous obéissions à un point que c'est pas permis, d'autant qu'on ne cernait franchement pas l'enjeu.
Après on fait tout tomber, chprouff, c'est trop bien, on filme ça, et on partage sur Facebook, sur le site de la Villette, bref on en parle.

La finalité ? Je ne pourrai pas vous en dire plus, car j'ai pas trouvé.

Autour, des jeunes se foutaient gentiment de nous sur le mode "allez ! tout le monde groupé !" — "tout de suite chef !", et c'est sans doute eux qui ont saisi le mieux la vanité de ce projet.

On pourrait citer d'autres projets d'architecture collaborative, puisque c'est le goût du jour, qui sont écologiques ET qui s'inscrivent dans des utopies concrètes, avec une réflexion sur les méthodes de fabrication... Certains ont été présentés à la Biennale d'archi de Lyon qui a eu lieu début juillet.

Mais l'événement qui vient de se terminer à La Villette correspond à cette tendance qui est d'occuper les gens, si possible de les étonner, avec des animations d'ampleur (dont les expositions Monumenta au Grand Palais en sont une manifestation reconnue).
Les municipalités aiment soutenir ces projets qui donnent le sentiment qu'il s'y passe toujours quelque chose, et qui justifient leurs budgets de communication. C'est tout bénéf aussi pour les établissements culturels (ici, le parc de la Villette) qui remplissent ainsi leurs chartes d'objectifs ; la presse locale, si elle y fait écho, a de quoi remplir ses colonnes. L'artiste, lui, remplit son c.v. en vue de la prochaine collectivités à convaincre. Comme l'argumente Olivier Grossetête dans cette interview : "c'est un peu comme des dessins en sable, des mandalas quoi, c'est une façon de mettre en avant le chemin... une oeuvre artistique, le chemin pour y arriver est aussi important que le but, quoi". C'est peut-être n'importe quoi, n'empêche : le Gentil Organisateur a déjà vendu sa performance dans plusieurs villes en France et à l'étranger !

Évidemment, pour la promotion du développement du râble, d'un éco-citoyen parisien et des produits éco-conçus, on repassera : je ne connais pas la masse de carton utilisé ni le volume de ruban adhésif, mais tout cela est carrément anti-écologique. (En photo, un aperçu du stock de cartons à utiliser, à 2 jours de la fin de l'installation !)

Parmi les commentaires sur le web, on peut lire : "Gaspillage du carton, quel est le coût d'une telle intervention ? L'union fait la force certes mais ici, quel union pour quelle force, rien d'artistique. Bravo à celui qui a vendu le projet, beau coup de bluff."

Pourtant, j'en connais un qui a réellement profité de cette construction :

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