9 février 2010

Entretien de Jean-Michel Carré, réalisateur du docu "Les Travailleu(r)ses du Sexe"

Jean-Michel Carré a d'abord fait des films sur les mutations de notre rapport au travail, sur l'enfermement en milieu carcéral, sur les conditions sociales qui génèrent malaise et délinquance. Un observateur, malin et pertinent.
"J'ai (très) mal au travail", que j'avais vu il y a deux ans, était un docu très réussi sur l'évolution du travail et de sa place dans notre société, les nouvelles pathologies, les nouvelles exigences liées au travail.

Son nouveau film est sorti cette semaine, "Les Travailleu(r)ses du Sexe", et je suis persuadé que c'est une réussite. Et puis, histoire de discuter encore de savoir si il faut abolir la prostitution ou améliorer le sort des prostitué(e)s...


Jean-Michel Carré :
"L’économie de marché a généré la multiplication des salons de l’érotisme et de sociétés d’éditions de vidéos pornographiques, au nom de la prétendue liberté du consommateur. Dans un autre domaine du travail du sexe, la prostitution est restée plus ou moins tolérée dans la plupart des pays. En France, Nicolas Sarkozy, alors ministre de l’intérieur, fait voter en mars 2003, une loi dite de « sécurité intérieure » incluant le racolage passif des prostituées. Si la prostitution devient très vite moins visible dans nos rues, la prostitution augmente considérablement sur les réseaux Internet et aux périphéries des villes, rendant à nouveau des prostituées à la merci des proxénètes et des réseaux mafieux. 
 
Qualifiée de plus vieux métier du monde, la prostitution reste un «obscur objet de haine et de désir». Elle a stigmatisé le symbole de l’exploitation de la femme par l’homme dans toutes les sociétés. Ces problématiques, je les avais traitées, il y a plusieurs années, dans un cycle sur la prostitution1 Mais depuis la loi Sarkozy, certaines femmes et
hommes revendiquent à nouveau haut et fort la volonté de pouvoir louer librement leur corps, de défendre leurs pratiques sexuelles et réclament que leur métier soit considéré comme aussi respectable qu’un autre, avec ses droits et ses devoirs. 
 
Paroles dérangeantes qui nous questionnent sur un fait de société victime de jugements moralisateurs, d’anathèmes de certaines féministes et de mépris de beaucoup d’autres. Une activité qui interroge, naturellement la sexualité, mais aussi les rapports hommes / femmes, le pouvoir, l’argent, la définition d’un travail… Une question sociétale où il est indispensable de sonder l’économie de marché qui utilise une pseudo libération sexuelle pour justifier la marchandisation de l’intime au nom de la prétendue liberté du consommateur. "


site de la prod de ce film et des autres films de ce réalisateur :
http://www.films-graindesable.com/menu.html

Interview dans l'Huma :
http://www.humanite.fr/Entretien-de-Jean-Michel-Carre-realisateur-du-documentaire-Les-travailleu-r-ses-du

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