5 mai 2017

La presse aux ordres des lobbies de la médecine esthétique ?

Le hors-série de Paris-Match d'avril-mai est une ode à la médecine esthétique "anti-âge". Si on avait mauvais esprit, on ne serait pas loin de penser qu'il y a un bon gros accord entre ce journal, qui survit en pratiquant le vedettariat glauque, et le marché du lifting, des injections et des mammoplasties.


On pourrait espérer des articles critiques, de l'enquête sur les risques et les abus de ces marchés juteux — comme en a déjà publié par exemple l'hebdo Marianne. Mais Paris-Match, avec une fausse bienveillance et sous couvert d'information, fait de la réclame : injections, implants, chirurgie, compléments alimentaires et autres méthodes des niches médicales. En guise d'investigation, on y interroge ceux qui vivent de ces méthodes, appelés ici des "spécialistes : "Médecins et chirurgiens interviewés ont eu à coeur d’expliquer dans le détail leur spécialité et de répondre à toutes nos interrogations sans rien éluder". On conclura que "le « rester jeune » n’est plus seulement un souci esthétique, c’est un vaste secteur de recherche"... Béatitude.

Le seul but proposé : rester jeune en apparence, ne pas se faire trahir par les signes de son âge réel.
On n'est pas loin de la publication l'Officiel Médecine & chirurgie esthétique, qui propose les techniques "qui aident à se sentir bien dans sa peau".
Comme dit Sharon Stone, "il ne faut pas avoir honte" d'engraisser ce commerce.

Ne plus avoir honte... oui, et c'est un progrès ambigu : car si on permet aux femmes de recourir à la médecine anti-âge, en la banalisant afin qu'elles ne le vivent pas comme un tabou (ce qui, vu sous cet angle, est bénéfique), d'autre part, on exclue progressivement celles qui ne peuvent ou ne veulent pas en profiter. La médecine esthétique s'adresse avant tout à aux plus aisés ; ainsi la richesse appelle la richesse mais aussi la beauté et la jeunesse. Tant pis pour les autres, les moins riches, les moins au top et les moins soignées, condamnées à porter leur âge sur leur visage. (Sans parler de médecine, il suffit de constater l'absence, dans les médias et la pub, des jeunes femmes qui décident de ne pas teindre leurs premiers cheveux gris, pour se rendre compte de la puissance des diktats de beauté).

Alors OK, les gens de Match : dites la vérité sur les techniques de la médecine esthétique, ce qu'elles apportent de bénéfique et comment elles transforment nos corps. Et s'il y a conflits d'intérêts, faites en part publiquement : ça éclairera les lecteurs sur les enjeux réels de cette médecine-là.


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